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Démasquant le « Grand Remplaçant » : Une Plongée dans les Coulisses de Jordan Bardella et du RN 🎭

Le paysage politique français est en constante ébullition, et peu de figures y incarnent la fulgurance d’une ascension comme Jordan Bardella. Présenté comme le « gendre idéal » et la nouvelle star du Rassemblement National, son image lisse et maîtrisée captive une part croissante de l’électorat, notamment les jeunes. Mais qui se cache réellement derrière ce politicien charismatique ? 🧐

L’ouvrage percutant de Pierre-Stéphane Fort, « Le grand remplaçant : La face cachée », se propose de lever le voile sur les multiples facettes de Jordan Bardella, offrant une analyse approfondie de son parcours, de ses convictions (ou de leur absence), et de ses liens souvent troubles. Fort de son travail d’investigation rigoureux, l’auteur nous invite à une exploration des coulisses du pouvoir, là où l’image publique se confronte aux réalités du terrain et aux réseaux d’influence. Cet article propose un résumé et une analyse des révélations de cette enquête, optimisé pour éclairer les internautes sur ce personnage clé de la politique française.

1. Le Journalisme d’Investigation : Une Mission Essentielle 🕵️♂️

L’auteur débute son enquête en soulignant la nature souvent critiquée mais fondamentale du journalisme d’investigation. Dans un climat politique « hautement inflammable », où les théories du complot sont monnaie courante, le journaliste se retrouve souvent seul face à son sujet, animé par sa mission d’information du public. L’objectif est de permettre aux citoyens de se forger une opinion éclairée sur la société et ses acteurs.

Le travail d’investigation est dépeint comme un processus « d’artisan, long et minutieux », impliquant l’exploration d’innombrables pistes, la collecte de documents, d’informations et de témoignages qui doivent être recoupés, croisés et vérifiés. Pour cette enquête spécifique sur Jordan Bardella, l’auteur a consacré une année entière, consultant des centaines d’articles et de vidéos, menant des entretiens avec des proches (anciens et actuels), et passant des jours en immersion avec le Rassemblement National, ses cadres, ses militants, et son jeune président. Ce livre en est le fruit.

2. Le Visage Public de Jordan Bardella : Une Construction Minutieuse 🖼️

L’un des aspects les plus frappants de Jordan Bardella est sa capacité à projeter une image publique soigneusement élaborée, souvent en décalage avec la réalité ou avec ses propres actions passées. L’auteur explore comment cette image a été construite et comment elle est utilisée.

2.1. Le « Caméléon » Politique : Adaptation et Maîtrise de l’Image 🦎

La première rencontre de l’auteur avec Jordan Bardella, le 1er mars 2023, est révélatrice. Au siège du Rassemblement National, dans le très bourgeois XVIe arrondissement de Paris, Bardella apparaît « au naturel », en baskets blanches immaculées, jean et sweat à capuche blanc, une tenue décontractée loin de son image habituelle en costume-cravate. Un confrère de l’auteur, qui suit le parti depuis des années, éclaire cette mise en scène : c’est sa tenue préférée pour recevoir les journalistes trentenaires qu’il « pense être de gauche », imaginant que cela le rend « jeune et sympa ». « C’est un caméléon, Bardella, » conclut le confrère.

Cette scène illustre une vérité fondamentale sur le personnage : pour Jordan Bardella, le bureau est un « théâtre où tout est accessoires » et les médias sont son « fonds de commerce, sa spécialité ». Son ambition politique est marquée par une « obsession totale du contrôle de son image », cherchant à éviter tout scandale et à présenter un « profil le plus lisse, le plus rassurant possible ».

Aujourd’hui, sa popularité est « insolente ». Il passe en moyenne tous les trois jours à la télévision ou à la radio, bien plus que n’importe quelle star ou politique. Ce « matraquage du produit Bardella » porte ses fruits, le plaçant parmi les personnalités préférées des Français en janvier 2024, et même devant Marine Le Pen dans plusieurs sondages politiques. Les jeunes l’accueillent comme une « rockstar » et il est surnommé « Monsieur Selfie » par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti.

2.2. Un Narratif Savamment Orchestré : Le Gamin de Cité devenu Prodige 🚀

L’enquête révèle que l’image de Jordan Bardella est le fruit d’une stratégie de communication intensive, sous l’égide de « spin doctors ». Pascal Humeau, son ancien conseiller en média, a travaillé avec lui pendant près de quatre ans. Humeau, avec Philippe Vardon, a « bossé ensemble sur la communication de Bardella et de sa campagne des européennes de 2019 » pour créer son « narratif ».

Ce « narratif », ou « storytelling » en marketing, est centré sur une histoire de vie idéalisée : « J’ai grandi en banlieue, j’ai connu l’immigration de masse, l’insécurité, la délinquance, l’islam, je vais vous proposer des solutions. Et ces solutions, c’est le programme du Rassemblement national. ». Bardella a « récité son narratif dans les médias, dans ses discours, pour que ça sonne juste ».

Pourtant, cette « poudrière » de Saint-Denis où il aurait « grandi vraiment au cœur d’une poudrière » avec « trafic de drogues, […] bruits de fusillade », s’avère être une « petite cité » relativement calme, « à deux pas du centre-ville et des transports », « rien à voir avec les grands ensembles enclavés ». L’auteur a visité les lieux et n’a trouvé ni trafiquants cagoulés ni ambiance de guérilla.

De même, l’anecdote de sa mère « finir le mois avec 20 euros », souvent répétée pour souligner ses origines modestes, est remise en question. L’auteur suggère que cette « formulation c’est de nous », pour que l’histoire « tape ». La réalité est plus nuancée : fils unique, élevé par une mère agente territoriale avec le soutien de sa grand-mère, Jordan Bardella a fait toute sa scolarité dans le privé (environ 1 200 euros par an). Son père, jamais cité dans ses discours, gagnait « confortablement sa vie » et lui a offert une Smart à 19 ans, un voyage aux États-Unis, et un logement gratuit à Enghien-les-Bains. « Le mythe de l’enfant pauvre issu des pires quartiers de France… a du plomb dans l’aile, » conclut l’auteur.

Marine Le Pen, consciente de la valeur de ce « récit politique », voit en Bardella une « pépite » qui incarne « l’émergence d’une élite populaire » capable d’attirer l’électorat modeste.

3. Les Coulisses du Pouvoir : Ambition, Loyauté et Réseaux 🕸️

L’enquête révèle un Jordan Bardella bien plus complexe que son image publique, un homme dont l’ascension est marquée par l’opportunisme, des volte-face idéologiques et une intégration stratégique dans les arcanes du clan Le Pen.

3.1. L’Ascension Fulgurante : Opportunisme et Dépendance au Parti 📈

L’engagement politique de Jordan Bardella est précoce : il prend sa carte au Front National à 16 ans en 2012. Très vite, il se montre « stratège, parfois manipulateur ». Maxence Buttey, un ami de l’époque, témoigne que Bardella l’aurait encouragé à révéler publiquement sa conversion à l’islam, sachant que cela « le mettrait en lumière » en cas de polémique, avant de le « flinguer » en le suspendant du parti.

Bardella « court après les titres » et aime « briller sur les plateaux ». Il est peu présent sur le terrain, ne s’investissant que s’il y a des caméras. Maxence Buttey le décrit comme quelqu’un qui « vit pour séduire » et qui « va où le vent va ». Sa « part d’ombre, il l’avait laissée à la maison ».

Sa carrière politique est lucrative. À 18 ans, il devient le plus jeune secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis (poste bénévole). Six mois plus tard, il est embauché comme assistant parlementaire européen à mi-temps pour Jean-François Jalkh, un cadre historique du parti aux propos révisionnistes sur la Shoah. À 19 ans, il gagne 1200 euros nets par mois, et à 20 ans, il est élu conseiller régional d’Île-de-France, avec un salaire mensuel brut de 2765 euros. Sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique montre une progression rapide : 38 312 euros de revenus annuels bruts à 20 ans, jusqu’à 63 260 euros à 22 ans.

Le véritable « jackpot » arrive en 2019, à 23 ans, lorsqu’il devient député européen, avec un salaire mensuel net de 7300 euros, plus environ 10 000 euros par an pour frais de mandat et 338 euros par jour de présence à Bruxelles ou Strasbourg. Il « devient propriétaire d’un bel appartement dans une banlieue parisienne cossue ». L’auteur souligne l’ironie de ce « sacrifice » financier que beaucoup envieraient. Il est également révélé que Marine Le Pen, bien que n’étant plus présidente du parti, touche le salaire de président du RN (5 000 euros nets par mois), en plus de ses revenus de députée, portant ses revenus annuels à plus de 130 000 euros nets. L’enquête d’un spécialiste du FN suggère que le parti est une « PME familiale qui permet à quelques privilégiés de vivre confortablement ».

3.2. Les Volte-face Idéologiques : De Philippot à Olivier 🔄

La « colonne vertébrale idéologique » de Jordan Bardella est décrite comme « particulièrement plastique ». Son mentor initial, Florian Philippot, ancien numéro deux du FN, l’avait repéré en 2014, le voyant comme « une jeune figure de la dédiabolisation ». Bardella, alors « bébé Philippot », épousait la ligne « gaulliste sociale » et prônait le Frexit, allant jusqu’à dire qu’il quitterait le parti si cette position était abandonnée.

Cependant, Philippot constate un tournant dès la mi-2016 : Bardella « sent le vent tourner » et s’éloigne de sa ligne pour se rapprocher de Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen et figure d’un courant « très identitaire ». Philippot découvre avec stupeur que le fil Twitter de Bardella, auparavant axé sur le Frexit et les questions sociales, est désormais « 100% sur les migrants et l’islam ».

Florian Philippot, amer, conclut que Bardella lui a « dit ce que j’avais envie d’entendre » et qu’il fait de la politique « pour des postes » plutôt que pour des « convictions ». Il le compare à Jacques Chirac pour sa capacité à « se remplir des éléments de langage du moment, en fonction de l’actualité ou des sondages ». En somme, « c’est un très bon politicien, mais ça n’est pas un homme politique ».

3.3. Le Rôle Crucial des Liens Familiaux et Amoureux 💖

L’enquête met en lumière l’influence majeure des relations personnelles sur l’ascension de Jordan Bardella, en particulier au sein d’un parti « clanique » comme le Rassemblement National.

Sa relation avec Kerridwen Chatillon de mi-2017 à début 2019 est un tournant. Kerridwen est la fille de Frédéric Chatillon, ex-leader du GUD (Groupe Union Défense), un groupuscule « d’extrême droite, raciste, antisémite et violent ». Les photos la montrent participant à la fête du cochon avec Jean-Marie Le Pen et Alain Escada (Civitas, dissous pour thèses antisémites et islamophobes). Elle porte la croix celtique, emblème de l’ultradroite, et a posé pour la marque « Babtou Solide Certifié ». Ses proches incluent Loïk Le Priol, ancien membre du GUD, fiché S et mis en examen pour meurtre.

Aurélien Legrand, ancien ami proche de Bardella, raconte comment cette relation a permis à Jordan d’être « remarqué » par Marine Le Pen lors d’un meeting à Brachay en 2017. « La vie privée au RN fait les carrières, » et cette appartenance au « clan Chatillon » est un « blanc-seing » de « fiabilité » pour Marine Le Pen. Une photo inédite montre même Bardella trinquant avec Frédéric Chatillon, Lacapelle et d’autres intimes en 2017, une preuve « irréfutable » de son appartenance à ce clan.

Après sa rupture avec Kerridwen, Jordan Bardella entame une relation avec Nolwenn Olivier de 2019 à 2023. Nolwenn est la nièce de Marine Le Pen et la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, et surtout la fille de Philippe Olivier, l’éminence grise du parti et « plus proche conseiller de Marine Le Pen ». Florian Philippot confirme que « toute personne issue de la famille ou qui rejoint la famille par alliance ou par relation, acquiert un statut particulier, un peu au-dessus ». Ce lien familial l’a « forcément aidé » à prendre la présidence du parti.

4. Les Idées et les Actes : Contradictions et Double Discours 🗣️

L’enquête de Pierre-Stéphane Fort met en lumière une série de contradictions flagrantes entre les déclarations publiques de Jordan Bardella et ses votes ou actions, révélant un opportunisme « chronique et décomplexé ».

4.1. Le « Niet » de Poutine : Une Volte-Face Tactique 🇷🇺🇺🇦

En février 2023, Jordan Bardella accorde une interview à L’Opinion où il critique la « naïveté collective » à l’égard de Vladimir Poutine, qualifiant cela de « faute morale » et dénonçant les « crimes de guerre ». Il prend ainsi ses distances avec la « poutinophilie » de son parti et de Marine Le Pen, qui avait par le passé exprimé son « admiration » pour Poutine et reconnu l’annexion de la Crimée. Ce discours, très inhabituel au RN, est perçu comme un « recadrage » de Marine Le Pen, bien qu’elle le nie.

En réalité, Bardella avait cherché, lors d’un déjeuner secret avec Marine Le Pen et d’autres cadres en automne 2022, à infléchir la ligne pro-russe du parti pour s’aligner sur Giorgia Meloni (Italie), pro-OTAN et pro-Zelensky. Face au « Niet ! » de Marine Le Pen, il a choisi de passer outre. Son initiative, cependant, n’a reçu que peu de soutien interne, montrant les « limites de sa liberté ».

Ce revirement est d’autant plus frappant que le Jordan Bardella d’hier était « russophile ». Il fréquentait assidûment le Cercle Pouchkine, une association de lobbying pro-russe créée par Thierry Mariani, ami de Poutine. Des amis de l’époque, comme Éric Richermoz, confirment qu’il était « complètement » russophile et pour « un dialogue apaisé avec Vladimir Poutine ».

Ses votes au Parlement européen corroborent cette duplicité. En décembre 2021, il vote contre une résolution soutenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine. En février 2022, juste avant l’invasion, il vote contre une aide financière massive à l’Ukraine. Ce n’est qu’en mars 2022, après le début des combats, qu’il vote en faveur d’un texte dénonçant l’agression russe. Par la suite, lui et les députés RN sont « opportunément absents », ou votent contre des résolutions condamnant les crimes de Wagner, la répression en Biélorussie, ou l’ingérence russe dans les démocraties européennes. Ce revirement est donc perçu comme une « manœuvre tactique » pour les élections européennes de 2024 et une tentative d’émancipation vis-à-vis de Marine Le Pen.

4.2. Écologie et Justice Sociale : Un Cynisme Affiché 🌳💰

Jordan Bardella se présente sur TikTok comme un défenseur de l’écologie, affirmant que « le vote pour le climat, c’est le vote pour Marine Le Pen » et mettant en garde contre le « péril climatique ». Pourtant, ses votes au Parlement européen racontent une tout autre histoire :

• Abstention sur le « Pacte vert pour l’Europe » en 2020.
• Absent lors du vote sur la restauration des habitats dégradés.
• Vote contre le rejet de la loi européenne sur le climat en 2021.
• Absent ou vote contre des résolutions sur la gouvernance des océans, la non-prolifération des combustibles fossiles, et la réduction des gaz à effet de serre.
• Vote contre la loi sur la restauration de la nature en juillet 2023 et février 2024.

Malgré ces votes, il ose affirmer sur France 2 : « Je pense que nous sommes les plus écologistes de la classe politique aujourd’hui. ». Ses arguments, souvent teintés de « localisme » et de « génie français », sont fournis par d’anciens insoumis comme Andréa Kotarac, devenu le « monsieur écologie » du RN.

Sur la question sociale, il dénonce les « superprofits » des grandes entreprises comme Procter & Gamble, proposant une taxe que même la gauche soutient. Cependant, en octobre 2022, il vote contre une résolution européenne visant à taxer les profits exceptionnels des entreprises énergétiques pour aider les ménages modestes et les PME. Il rejette également un amendement LFI qui aurait étendu cette taxe à tous les secteurs, et s’oppose à la mise en place de salaires minimaux adéquats dans l’UE. « Pas touche aux dividendes des actionnaires, tant pis pour les classes populaires, » résume l’auteur.

4.3. Droits des Femmes et LGBT+ : Des Convictions Inexistantes ♀️🏳️‍🌈

Jordan Bardella publie des vidéos vantant la place des femmes en Europe, opposant ces valeurs aux « cultures qui asservissent la femme » dans les pays musulmans. Pourtant, sur les droits essentiels, ses actes contredisent ses paroles :

• Vote contre une résolution condamnant l’interdiction de facto de l’avortement en Pologne en 2021.
• Le groupe RN vote « systématiquement contre les textes dénonçant la situation des femmes en Pologne ».
• Lors du vote sur l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution française, 46 des 88 députés RN (dont Marine Le Pen après son revirement) choisissent de ne pas voter.
• Sur l’égalité salariale hommes-femmes, lui et les députés RN s’abstiennent en mars 2023.

Concernant les droits LGBT+, suite à un attentat contre un bar gay en Slovaquie, une résolution condamnant la haine et la violence envers les personnes LGBTIQ+ est proposée. Jordan Bardella s’abstient, comme les autres députés RN. En avril 2023, face à une loi ougandaise criminalisant l’homosexualité (passible de la peine de mort), Bardella et les eurodéputés RN ne prennent pas part au vote sur l’ensemble du texte, qui réclamait la dépénalisation universelle de l’homosexualité et l’abolition universelle de la peine de mort. L’auteur révèle une astuce utilisée par certains députés pour ne pas laisser de trace électronique de leur vote : retirer la carte de la machine à voter.

5. Le « Fantôme du Parlement » et le « Gaito » : Une Absence Remarquée et un Passé Gênant 👻

L’enquête ne se contente pas d’analyser les prises de position de Bardella, elle explore aussi ses activités moins visibles et un passé qu’il a tenté d’effacer.

5.1. Un Eurodéputé Discret, un Président Médiatique 📺

Jordan Bardella est surnommé le « fantôme du Parlement ». Fait « rarissime », il n’est inscrit que dans une seule commission, celle des pétitions (PETI), surnommée la « commission des planqués ». L’auteur révèle un absentéisme « flagrant » : entre juillet 2019 et fin novembre 2023, Bardella totalise 35 absences sur 50 réunions de cette commission, soit 70% du temps.

Son bilan parlementaire est maigre : « zéro rapport et vingt et un amendements publiés en cinq ans », contre des centaines voire des milliers pour d’autres eurodéputés comme Stéphane Séjourné ou Manon Aubry. Mathilde Androuët, eurodéputée RN et amie de Bardella, le confirme candidement : « la vocation de Jordan n’est pas d’être toujours à user ses fonds de pantalons sur les bancs du Parlement. À mon avis, il a rendez-vous avec l’Histoire, peut-être prochainement… ». L’auteur ironise sur les contribuables finançant « le grand rendez-vous avec l’Histoire » de Bardella.

5.2. Le Compte Twitter @RepNatDuGaito : La Face Cachée 📲

La révélation la plus explosive de l’ouvrage concerne un compte Twitter anonyme, @RepNatDuGaito, que l’auteur attribue à Jordan Bardella. Actif d’août 2015 à février 2017, ce compte « starifie Jean-Marie Le Pen », diffuse une « idéologie raciste », partage des montages choquants et des insultes envers les journalistes (« journalopes »). Il s’amusait de blagues homophobes ou islamophobes.

Jordan Bardella a catégoriquement démenti être derrière ce compte, menaçant de procès en diffamation qui ne se sont jamais concrétisés. L’auteur, cependant, présente un « faisceau d’indices » et des « preuves irréfutables ». L’enquête a suivi une piste lancée par Éric Richermoz, ancien ami de Bardella, qui a évoqué l’existence de comptes Twitter anonymes chez les « nationaux-républicains » (« Nat-rep » ou « Rep-nat »), dont Bardella faisait partie.

Les preuves incluent :

• Le nom du compte, @RepNatDuGaito, « Gaito pour ghetto », faisant écho à l’origine revendiquée de Bardella.
• Les abonnements du compte : Marine Le Pen, Anne Lalanne (compte anonyme de Marine Le Pen), le compte officiel de Jordan Bardella (quand il était encore inconnu), des figures de l’extrême droite, des proches de Bardella (Pierre Gentillet, Camille Lemaitre, Aurélien Legrand).
• L’activité du compte : une obsession pour la campagne des régionales de 2015 en Île-de-France, défendant Wallerand de Saint-Just (patron de Bardella à l’époque) et attaquant ses adversaires, notamment Valérie Pécresse.
• Des coïncidences troublantes : l’utilisation du hashtag #ByeByeSchengen une heure après le compte officiel de Bardella, et la publication de photos du Salon de l’agriculture le même jour.
• Une interaction directe où @RepNatDuGaito répond à un ami qui se moque du compte officiel de Jordan Bardella, en lui disant « Décline ton identité jeune Portugais du rez-de-chaussée ».

Surtout, l’auteur a obtenu la confirmation de trois sources indépendantes qui connaissaient Jordan Bardella à l’époque, dont une ex-petite amie, qui affirment « à 1000% » que c’était son compte et qu’ils en avaient parlé. Des messages échangés entre @RepNatDuGaito et cette jeune femme confirment l’amusement autour de son anonymat relatif, puis sa reconnaissance explicite.

Après la révélation de ce compte en janvier 2024, Marine Le Pen et Sébastien Chenu se sont désabonnés de @RepNatDuGaito, tandis que Jordan Bardella a adopté une posture de « victimisation » sur les plateaux télévisés, dénonçant une « traque » journalistique et un « complot politico-médiatique ».

6. La « GUD Connection » : Des Liens Indéfectibles 🤝

L’ouvrage révèle que, malgré la volonté affichée de « dédiabolisation » du Rassemblement National, les liens avec l’extrême droite la plus radicale persistent, notamment à travers ce que l’auteur nomme la « GUD Connection ».

Le GUD (Groupe Union Défense) est décrit comme un groupuscule « d’extrême droite, raciste, antisémite et violent ». En mai 2023, un défilé néofasciste du GUD à Paris fait scandale, mené par Marc de Cacqueray-Valménier (fiché S, sympathisant néonazi). Parmi les participants se trouvent Axel Loustau et Olivier Duguet, tous deux anciens trésoriers de Marine Le Pen.

Axel Loustau est un « historique du GUD » et actionnaire fondateur d’e-Politic, principal prestataire de communication du RN. Frédéric Chatillon, l’ancien chef du GUD, est l’autre actionnaire fondateur d’e-Politic, et soutien public des gudards. L’auteur rappelle que Chatillon a été condamné pour « escroquerie », « abus de biens sociaux » et « blanchiment » pour des irrégularités dans la comptabilité de son entreprise, notamment des « séminaires FN » à Punta Cana.

Face à l’indignation médiatique, Marine Le Pen est contrainte de réagir, affirmant sa « rupture » avec ces anciens amis et rejetant la responsabilité sur Jordan Bardella en tant que président du parti. Jordan Bardella, malgré ses liens passés avec le « clan Chatillon », se voit donc contraint d’agir. Il affirme que Loustau et Chatillon ont revendu leurs parts d’e-Politic. Cependant, l’enquête révèle que les parts ont été vendues à Paul-Alexandre Martin, ancien numéro deux du FNJ et actuel président d’e-Politic, lui-même membre de la « GUD Connection ». L’auteur conclut que « les choses n’ont finalement guère changé ».

De plus, des employés récents d’e-Politic, comme Paul-Alexis Husak, sont des membres revendiqués du GUD, participant à des défilés et possédant des objets nazis. L’ancien haut cadre du parti interrogé par l’auteur qualifie cela de « blanchisserie » et confirme que le RN, en versant des millions à e-Politic, contribue indirectement à « tout un écosystème » qui « vit aux crochets du parti ».

Les liens financiers perdurent également au Parlement européen, où le groupe Identité et Démocratie (dont Bardella est vice-président) a des contrats avec l’entreprise d’impression Unanime, appartenant à Frédéric Chatillon, pour environ un million d’euros sur trois ans.

Le RN, descendant du Front National co-fondé par un ancien Waffen SS, continue de flirter avec l’ultradroite. Jordan Bardella a même jugé publiquement que Jean-Marie Le Pen n’était « pas antisémite » avant de se rétracter.

L’auteur souligne que le Conseil d’État, la plus haute autorité juridique française, a constamment rejeté les requêtes du Rassemblement National visant à contester son classement dans le bloc d’extrême droite. La raison principale est la « constance de ses prises de positions, y compris de la part des candidats aux sénatoriales, notamment sur l’immigration et la préférence nationale, et aux liens idéologiques et aux relations qui l’unissent avec des mouvements d’extrême droite dans d’autres pays européens et au Parlement européen ». La « préférence nationale » est vue comme le marqueur le plus fort de l’extrême droite.

Jordan Bardella lui-même, dans une tribune de 2022, a émis de « virulentes critiques à l’égard du régime républicain » et de ses valeurs, opposant « les Autres » et « les Nôtres », reprenant le slogan identitaire « Les Nôtres avant les Autres ». Il affirme que le « grand remplacement » « désigne une réalité qui est juste ». Cette position, combinée à l’entourage identitaire de ses conseillers, suggère une adhésion profonde à cette mouvance.

7. Conclusion : Le Joueur de Flûte et le Miroir Brisé 💔

L’enquête de Pierre-Stéphane Fort dresse le portrait d’un Jordan Bardella « caméléon », « opportuniste » et maître de la communication, dont l’image publique est le fruit d’une construction marketing minutieuse. Son ascension fulgurante s’est nourrie de volte-face idéologiques stratégiques et d’une intégration calculée dans les cercles d’influence du clan Le Pen.

Derrière le « gendre idéal », les révélations sur le compte Twitter @RepNatDuGaito, son absentéisme parlementaire, et la persistance de ses liens avec la « GUD Connection », révèlent une figure politique dont les convictions profondes sont mouvantes, au service d’une ambition personnelle dévorante. L’auteur utilise la métaphore du « joueur de flûte de Hamelin » pour décrire sa capacité à « ensorceler les rats et même les enfants » avec sa « petite musique entêtante » sur les réseaux sociaux, gagnant la jeunesse.

Ce livre est un rappel essentiel de la nécessité d’une vigilance constante face aux discours politiques, surtout lorsque ceux-ci sont habilement mis en scène. Il met en lumière le « gouffre » entre « l’image people, lisse et moderne que Jordan Bardella entretient sur ses réseaux sociaux, distille dans les médias français, et ses votes en tant qu’élu au Parlement européen ». L’auteur conclut que « derrière le séduisant masque de la jeunesse, l’écran de fumée marketing, les idées n’ont guère changé ». Ces questions méritent une « sérieuse réflexion » pour comprendre l’infusion de ces idées radicales dans les sphères dirigeantes si le RN venait au pouvoir.