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Psychologie des foules de Gustave Lebon

Posted on juillet 27, 2025juillet 27, 2025 By jeansaistrop76@gmail.com Aucun commentaire sur Psychologie des foules de Gustave Lebon

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Sommaire

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  • Psychologie des Foules : Une Plongée Fascinante dans l’Âme Collective de Gustave Le Bon 🤯
    • Gustave Le Bon : L’Homme Derrière l’Œuvre 👨‍🏫
    • Pourquoi « Psychologie des Foules » est-il Crucial ? 🤔
    • 🤯 Les Concepts Clés de l’Âme des Foules
      • Qu’est-ce qu’une Foule Psychologique ? 🎭
      • La Perte de la Personnalité Consciente et la Suggestibilité 😴
      • L’Inconscient et l’Instinct : Moteurs des Foules 🧠
      • La Moralité et l’Intellect des Foules : Un Paradoxe ? ⚖️
    • 📈 Les Facteurs Influencant les Opinions et Croyances des Foules
      • Les Facteurs Lointains : Le Poids de l’Héritage ⏳
        • La Race : Le Socle Immuable 🧬
        • Les Traditions : Ancrages du Passé 📜
        • Le Temps : Le Grand Architecte 🏗️
        • Les Institutions : Des Étiquettes Vides ? 🏛️
        • L’Instruction et l’Éducation : Une Illusion Démocratique ? 📚
      • Les Facteurs Immédiats : L’Art de la Persuasion 🗣️
        • Les Mots, les Images et les Formules : La Magie du Verbe ✨
        • Les Illusions : Le Carburant des Civilisations 🌈
        • L’Expérience : Une Leçon Chèrement Payée 📉
        • La Raison : Son Impuissance Face à la Foule 🚫
    • 👑 Les Meneurs et Leur Pouvoir sur les Foules
      • Qui sont les Meneurs ? 🌟
      • Les Moyens d’Action : Affirmation, Répétition, Contagion 🔄
      • Le Prestige : L’Outil Ultime du Pouvoir 💎
    • 📊 Classification et Applications : Les Foules en Action
      • Foules Hétérogènes et Homogènes 🤝
      • Les Foules Criminelles : Une Question d’Inconscient 🔪
      • Les Jurés : Un Exemple de Foule Non-Anonyme 🧑‍⚖️
      • Les Foules Électorales : Le Mythe de la Raison Populaire 🗳️
      • Les Assemblées Parlementaires : Miroir des Défauts de la Foule 🏛️
    • 🔮 L’Héritage de Le Bon et la Société Moderne
      • Les Limites de Variabilité des Croyances : Entre Stabilité et Mobilité 🎢
      • Le Cycle des Civilisations : De la Barbarie à la Décadence 🔄
    • Conclusion : Pertinence Aujourd’hui 💡

Psychologie des Foules : Une Plongée Fascinante dans l’Âme Collective de Gustave Le Bon 🤯

Dans un monde de plus en plus connecté où l’opinion publique semble régner en maître, comprendre la psychologie des foules n’a jamais été aussi pertinent. Au cœur de cette quête se trouve un ouvrage fondamental, paru pour la première fois en 1895 : « Psychologie des foules » de Gustave Le Bon. Ce texte, révolutionnaire pour son époque, offre une analyse percutante des mécanismes qui transforment un agrégat d’individus en une entité collective dotée de sa propre « âme », aux caractéristiques souvent imprévisibles et puissantes.

Cet article vous propose un résumé approfondi et une analyse éclairante des concepts clés de Le Bon, explorant pourquoi son œuvre reste une lecture essentielle pour quiconque cherche à décrypter le comportement collectif, de l’émergence des mouvements sociaux aux décisions politiques contemporaines. Préparez-vous à une immersion dans les profondeurs de l’esprit collectif ! 🧠👥

Gustave Le Bon : L’Homme Derrière l’Œuvre 👨‍🏫

Gustave Le Bon (1841-1931) n’était pas un simple théoricien. Son approche de la psychologie des foules se voulait exclusivement scientifique, cherchant à observer les phénomènes sans préjugés ni doctrines préconçues. Sa vaste érudition transparaît dans ses nombreux travaux antérieurs, allant de la physiologie (« La Fumée du Tabac », « Traité de physiologie humaine », « Recherches expérimentales sur l’Asphyxie ») et l’anatomie (« Recherches anatomiques et mathématiques sur les lois des variations du volume du crâne »), à la photographie (« La Méthode graphique et les Appareils Enregistreurs », « Les Levers Photographiques »), l’équitation (« L’équitation actuelle et ses principes »), et une série d’ouvrages sur les voyages, l’histoire et la philosophie, notamment « L’Homme et les Sociétés », « Les Premières Civilisations de l’Orient », « La Civilisation des Arabes », et « Les Civilisations de l’Inde ».

Son ouvrage précédent, « Les Lois psychologiques de l’évolution des peuples », avait déjà exploré l’âme des races. Dans « Psychologie des foules », il se penche sur la manière dont les individus, une fois réunis en foule, acquièrent des caractères psychologiques nouveaux qui se superposent et diffèrent parfois profondément de leurs caractères de race. Cette rigueur scientifique et cette capacité à s’affranchir des écoles de pensée existantes lui confèrent une perspective unique sur le sujet.

Pourquoi « Psychologie des Foules » est-il Crucial ? 🤔

Le Bon affirme que l’époque actuelle, fin du XIXe siècle, est marquée par une transformation profonde de la pensée humaine, caractérisée par la destruction des anciennes croyances (religieuses, politiques, sociales) et la création de nouvelles conditions d’existence dues aux avancées scientifiques et industrielles. Cette période de transition et d’anarchie voit l’émergence d’une force inédite : la puissance des foules.

Autrefois, la politique était l’affaire des princes et de leurs rivalités, l’opinion des foules comptant peu. Aujourd’hui, c’est la voix des foules qui est devenue prépondérante, dictant la conduite des dirigeants et façonnant le destin des nations. L’avènement des classes populaires à la vie politique, transformées en classes dirigeantes, est une des caractéristiques majeures de cette ère de transition. Cela s’est fait non pas tant par le suffrage universel initialement peu influent, mais par la propagation d’idées et l’association progressive des individus. Les foules ont pris conscience de leur force, formant des syndicats et des bourses du travail, et élisant des représentants qui sont de simples porte-parole.

Leurs revendications sont radicales, visant à détruire la société actuelle pour revenir à un communisme primitif, incluant la limitation des heures de travail, l’expropriation des industries et le partage égal des produits. Le Bon souligne que les foules, peu aptes au raisonnement mais très aptes à l’action, possèdent une force immense. Le « droit divin des foules » remplace désormais le « droit divin des rois ».

Le Bon craint que l’avènement des foules marque une des dernières étapes des civilisations occidentales, un retour à des périodes d’anarchie confused. Il observe que le rôle le plus clair des foules a toujours été la destruction des civilisations devenues trop vieilles. Les civilisations sont créées et guidées par une petite élite intellectuelle, jamais par les foules, qui n’ont de puissance que pour détruire. Leur domination est une phase de barbarie, car une civilisation requiert des règles fixes, une discipline, une prévoyance de l’avenir et une culture élevée, conditions que les foules, livrées à elles-mêmes, sont incapables de réaliser. Elles agissent comme des « microbes » qui dissolvent les corps affaiblis.

Malgré leur rôle potentiellement destructeur, Le Bon insiste sur l’importance cruciale de comprendre la psychologie des foules pour les législateurs et les hommes d’État, non pas pour les gouverner – chose devenue très difficile – mais au moins pour ne pas être trop gouvernés par elles. Il illustre cette idée avec l’exemple de Napoléon, qui, bien que comprenant les foules françaises, échoua en Espagne et en Russie en méconnaissant celles de races différentes. La connaissance de la psychologie des foules permet de comprendre pourquoi les lois et institutions ont peu d’action sur elles, et comment les impressionner et les séduire, comme l’exemple de l’impôt indirect versus l’impôt proportionnel le démontre.

🤯 Les Concepts Clés de l’Âme des Foules

Qu’est-ce qu’une Foule Psychologique ? 🎭

Pour Le Bon, une foule au sens psychologique est bien plus qu’une simple réunion d’individus. C’est une agglomération d’hommes qui, dans certaines circonstances, acquiert des caractères nouveaux, très différents de ceux des individus qui la composent. Le trait le plus frappant est l’évanouissement de la personnalité consciente et l’orientation des sentiments et des idées de tous les individus dans une même direction, formant une « âme collective ».

Ce phénomène ne nécessite pas la présence physique simultanée de tous les individus ; des milliers de personnes séparées peuvent, sous l’influence d’émotions violentes (comme un grand événement national), acquérir les caractéristiques d’une foule psychologique. L’auteur compare cette formation à des cellules qui, en se combinant, créent un nouvel être avec des propriétés différentes de celles de ses composants. Il s’agit d’une combinaison et d’une création de nouveaux caractères, et non d’une simple somme ou moyenne des éléments individuels.

La Perte de la Personnalité Consciente et la Suggestibilité 😴

L’une des causes principales de cette transformation est la prépondérance des phénomènes inconscients. La vie consciente de l’esprit ne représente qu’une faible part de la vie mentale, nos actes conscients dérivant d’un substrat inconscient issu de l’hérédité, qui renferme les innombrables résidus ancestraux constituant l’âme de la race.

Dans la foule, les aptitudes intellectuelles et l’individualité des personnes s’effacent, et les qualités inconscientes dominent. L’hétérogène se noie dans l’homogène. Cela explique pourquoi les foules ne peuvent accomplir d’actes exigeant une intelligence élevée, leurs décisions n’étant pas supérieures à celles d’une réunion d’imbéciles car seules les qualités médiocres communes s’y accumulent, non l’esprit.

Plusieurs causes déterminent l’apparition de ces caractères spéciaux aux foules :

  • Sentiment de puissance invincible : L’individu en foule acquiert ce sentiment par le simple fait du nombre, lui permettant de céder à des instincts qu’il aurait réprimés seul.
  • Irresponsabilité et anonymat : La foule étant anonyme et irresponsable, le sentiment de responsabilité disparaît entièrement.
  • Contagion : Tout sentiment, tout acte est contagieux dans une foule, au point que l’individu sacrifie facilement son intérêt personnel à l’intérêt collectif, ce qui est contraire à sa nature individuelle.
  • Suggestibilité : La cause la plus importante. L’individu plongé dans une foule se trouve dans un état proche de la fascination hypnotique. La vie du cerveau étant paralysée, il devient l’esclave des activités inconscientes de sa moelle épinière, dirigées par la suggestion. La personnalité consciente, la volonté et le discernement sont perdus, et les sentiments sont orientés dans le sens déterminé par la suggestion. Cette impétuosité est encore plus irrésistible dans les foules, car la suggestion se renforce mutuellement.

En somme, l’individu en foule subit un évanouissement de la personnalité consciente, une prédominance de la personnalité inconsciente, une orientation des sentiments et idées par suggestion et contagion, et une tendance immédiate à transformer les idées suggérées en actes. Il devient un « automate » que sa volonté ne guide plus. L’homme descend de plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation, redevenant un « barbare », un être instinctif, capable de spontanéité, violence, férocité, mais aussi d’enthousiasmes et d’héroïsmes.

L’Inconscient et l’Instinct : Moteurs des Foules 🧠

La foule est presque exclusivement guidée par l’inconscient, ses actes étant plus sous l’influence de la moelle épinière que du cerveau, la rapprochant des êtres primitifs. Elle est le jouet des excitations extérieures et reflète leurs variations incessantes, devenant esclave des impulsions reçues. Contrairement à l’individu isolé qui peut maîtriser ses réflexes, la foule n’en est pas capable.

Les impulsions des foules peuvent être généreuses ou cruelles, héroïques ou pusillanimes, mais toujours si impérieuses que l’intérêt personnel s’efface. Elles sont extrêmement mobiles, passant instantanément de la férocité la plus sanguinaire à la générosité la plus absolue. Rien n’est prémédité chez les foules. Leur mobilité les rend très difficiles à gouverner. Elles sont incapables de volonté durable ou de pensée.

La notion d’impossibilité disparaît pour l’individu en foule, qui a conscience du pouvoir que lui donne le nombre, le rendant prompt à des actes de pillage ou de meurtre s’ils sont suggérés.

La Moralité et l’Intellect des Foules : Un Paradoxe ? ⚖️

Les sentiments manifestés par une foule sont généralement très simples et très exagérés. La foule est inaccessible aux nuances, voyant les choses en bloc. L’approbation rapide d’un sentiment par suggestion et contagion en accroît considérablement la force. Elles ne connaissent ni le doute ni l’incertitude et vont toujours aux extrêmes. Le soupçon se transforme en évidence indiscutable, une antipathie en haine féroce. L’absence de responsabilité et la certitude de l’impunité, surtout dans les foules nombreuses, exacerbent cette exagération, libérant l’imbécile, l’ignorant et l’envieux de leur sentiment de nullité.

Cette exagération porte malheureusement souvent sur de mauvais sentiments, reliquat des instincts primitifs, conduisant facilement aux pires excès. Cependant, habilement suggestionnées, les foules sont également capables d’héroïsme, de dévouement et de vertus très élevées, souvent plus que l’individu isolé. L’histoire abonde en exemples de foules se faisant tuer pour une croyance, un idéal, ou un mot, sans même en comprendre la portée, comme lors des Croisades ou en 1793. L’intérêt personnel est rarement un mobile puissant chez les foules, contrairement à l’individu isolé.

Le Bon cite Taine observant que les massacreurs de Septembre rapportaient les objets de valeur de leurs victimes sur la table des comités, refusant de les voler. De même, la foule qui envahit les Tuileries en 1848 ne s’empara d’aucun objet de valeur. Cette « moralisation » de l’individu par la foule n’est pas constante, mais fréquente. L’auteur conclut que, même si les foules se livrent à de bas instincts, elles donnent aussi l’exemple d’actes de moralité élevés. Leur nature inconsciente, bien que critiquable du point de vue de la raison, est peut-être ce qui a permis aux civilisations de se développer.

📈 Les Facteurs Influencant les Opinions et Croyances des Foules

Les opinions et croyances des foules sont déterminées par des facteurs lointains et des facteurs immédiats.

Les Facteurs Lointains : Le Poids de l’Héritage ⏳

Ces facteurs préparent le terrain pour l’éclosion soudaine d’idées nouvelles, derrière lesquelles se cache un long travail antérieur.

La Race : Le Socle Immuable 🧬

Le facteur le plus important. Une race historique, formée par les lois de l’hérédité, exprime son âme à travers ses croyances, institutions, et arts. L’influence de l’environnement est momentanée si elle contredit les suggestions de la race, c’est-à-dire l’héritage des ancêtres. La race domine les caractères spéciaux de l’âme des foules, expliquant pourquoi les foules de pays différents (Latins vs. Anglo-Saxons) ne peuvent être influencées de la même manière et présentent des différences considérables dans leurs croyances et comportements. L’âme de la foule est d’autant plus faible que l’âme de la race est plus forte ; l’état de foule représente la barbarie, tandis que la constitution d’une âme raciale solide permet de s’en écarter.

Les Traditions : Ancrages du Passé 📜

Les traditions représentent les idées, besoins et sentiments du passé, synthétisant l’âme de la race et pesant lourdement sur nous. Le Bon, citant l’embryologie, insiste sur l’immense influence du passé dans l’évolution des êtres. Il s’oppose aux théoriciens qui croient qu’une société peut rompre avec son passé. Les traditions guident les hommes, surtout en foule, qui n’en changent facilement que les noms et les formes extérieures. Elles sont nécessaires à la civilisation, mais leur destruction est nécessaire au progrès. Les foules sont les conservatrices les plus tenaces des idées traditionnelles, résistant obstinément au changement.

Le Temps : Le Grand Architecte 🏗️

Le temps est le seul vrai créateur et destructeur, formant les montagnes à partir de grains de sable et élevant les cellules à la dignité humaine. Il génère, fait grandir et mourir toutes les croyances, leur donnant puissance puis les leur ôtant. Il prépare les opinions et croyances des foules, expliquant pourquoi certaines idées ne sont réalisables qu’à une certaine époque. Les idées sont « filles du passé et mères de l’avenir, esclaves du temps ». Le temps rétablira l’équilibre face aux aspirations menaçantes des foules.

Les Institutions : Des Étiquettes Vides ? 🏛️

L’idée que les institutions peuvent remédier aux défauts des sociétés est une chimère répandue, notamment depuis la Révolution française. Le Bon soutient que les institutions sont des produits des idées, des sentiments et des mœurs, et non leurs créateurs. Un peuple ne choisit pas ses institutions à son gré ; elles sont le produit de la race et demandent des siècles pour être formées ou changées. Les institutions n’ont aucune vertu intrinsèque, et changer leur nom par une révolution violente ne modifie pas leur fondement. L’Angleterre, par exemple, est le pays le plus démocratique malgré un régime monarchique, tandis que les républiques hispano-américaines sont sous le despotisme malgré des constitutions républicaines. C’est le caractère des peuples qui conduit leurs destinées, non les gouvernements.

Le Bon critique la fabrication de constitutions ex nihilo, arguant que la nécessité et le temps les élaborent. Il cite Macaulay sur la sagesse des Anglo-Saxons qui transforment leurs lois et institutions lentement, par nécessité immédiate, et non par raisonnements spéculatifs. Il insiste sur le fait que la centralisation en France, par exemple, est une condition d’existence impérieuse, et que la vouloir détruire mènerait à une guerre civile et à une centralisation encore plus lourde. En conclusion, ce ne sont pas les institutions qui agissent profondément sur l’âme des foules, mais les illusions et les mots.

L’Instruction et l’Éducation : Une Illusion Démocratique ? 📚

Le Bon s’attaque au dogme moderne selon lequel l’instruction améliore les hommes et les rend égaux. Il cite Herbert Spencer et des statisticiens pour affirmer que l’instruction ne rend pas l’homme plus moral ou heureux, ne change pas ses instincts héréditaires, et peut même être pernicieuse. La criminalité, selon lui, augmente avec la généralisation d’une certaine instruction, et les anarchistes se recrutent souvent parmi les lauréats des écoles.

Il critique l’éducation latine (française), basée sur l’apprentissage par cœur, qui ne développe ni le jugement ni l’initiative. Cette éducation, selon Jules Simon, n’est que « réciter et obéir ». Le danger est qu’elle dégoûte l’individu de sa condition d’origine et le pousse vers les fonctions salariées par l’État, créant des armées de prolétaires mécontents et une bourgeoisie sceptique mais superstitieusement confiante en l’État-providence. L’État, qui forme trop de diplômés qu’il ne peut employer, crée ainsi des révoltés.

Il oppose ce système à l’instruction professionnelle anglo-saxonne, décrite par Taine, où l’apprentissage se fait par la pratique dans les ateliers, mines, tribunaux, etc., développant l’expérience et l’initiative. Ce système prépare l’homme à la vie et à l’action pratique, contrairement au système latin qui le disqualifie et mène à des « chutes douloureuses ». Le Bon considère que l’éducation actuelle en France est un « redoutable élément de rapide décadence ».

Les Facteurs Immédiats : L’Art de la Persuasion 🗣️

Ces facteurs, agissant sur les foules, provoquent la persuasion active et déchaînent les idées avec leurs conséquences.

Les Mots, les Images et les Formules : La Magie du Verbe ✨

Le Bon souligne la puissance magique des mots et des formules, liée aux images qu’ils évoquent, et non à leur signification réelle. Les termes les plus vagues comme « démocratie », « socialisme », « égalité », « liberté » ont le plus d’action car ils synthétisent des aspirations inconscientes. La raison et les arguments ne peuvent lutter contre eux ; ils sont considérés comme des forces de la nature, des « divinités mystérieuses ».

Les images évoquées par les mots varient d’âge en âge, de peuple à peuple. Les mots peuvent s’user et ne plus rien éveiller, devenant de « vains sons ». Le Bon affirme l’impossibilité d’une traduction complète d’une langue, car cela reviendrait à substituer des images et des idées modernes à des notions et images anciennes radicalement différentes. Il illustre cela avec les mots « république », « liberté » et « patrie », dont le sens a profondément changé au fil des siècles et des cultures.

Pour agir sur la foule, l’homme d’État doit connaître le sens qu’ils ont pour elle à un moment donné. En cas d’antipathie pour certaines images, il faut changer les mots sans toucher aux choses elles-mêmes. Napoléon, par exemple, renomma la taille en « contribution foncière » et la gabelle en « impôt du sel » pour les rendre acceptables. L’art des gouvernants consiste à manier les mots, sachant que, dans une même société, les mots peuvent avoir des sens très différents pour les diverses couches sociales. Les mots « démocratie » et « socialisme » ont des significations opposées pour les Latins (effacement de l’individu devant l’État) et les Anglo-Saxons (développement de l’initiative individuelle et effacement de l’État).

Les Illusions : Le Carburant des Civilisations 🌈

Depuis l’aube des civilisations, les foules ont toujours été sous l’influence des illusions. Ce sont les « créateurs d’illusions » qui ont érigé le plus de temples et de statues. Qu’il s’agisse d’illusions religieuses, philosophiques ou sociales, elles sont à la base de toutes les civilisations. Sans elles, l’humanité n’aurait pu sortir de la barbarie et y retomberait vite. Elles sont les « filles de nos rêves » qui ont poussé les peuples à créer la splendeur des arts et la grandeur des civilisations.

Le Bon note que la science, bien qu’elle nous ait promis la vérité, n’a jamais promis la paix ou le bonheur et ne peut offrir d’idéal aux foules. Les foules, assoiffées d’illusions, se tournent instinctivement vers les rhéteurs qui leur en présentent. La vérité n’a jamais été le grand facteur de l’évolution des peuples, mais l’erreur. Le socialisme, par exemple, est puissant car il constitue la seule illusion encore vivante, promettant le bonheur sur terre malgré les démonstrations scientifiques de sa vanité. Les foules n’ont jamais eu soif de vérités ; elles préfèrent déifier l’erreur si elle les séduit. Celui qui sait les illusionner devient leur maître, tandis que celui qui tente de les désillusionner en est la victime.

L’Expérience : Une Leçon Chèrement Payée 📉

L’expérience est presque le seul moyen efficace d’établir solidement une vérité dans l’âme des foules et de détruire les illusions dangereuses. Cependant, elle doit être menée à très grande échelle et répétée très souvent. Les expériences d’une génération sont souvent inutiles pour la suivante. Le XIXe et XXe siècle seront cités comme une ère de « curieuses expériences ». La Révolution française est citée comme une expérience gigantesque qui a coûté des millions de vies pour prouver qu’on ne refait pas une société sur la base de la raison pure. Les deux expériences ruineuses avec les Césars (Napoléon Ier et Napoléon III) ont coûté des millions d’hommes et une invasion, ou un démembrement du territoire, et pourtant n’ont pas été suffisamment convaincantes.

La Raison : Son Impuissance Face à la Foule 🚫

Le Bon affirme que la raison n’a qu’une influence négative sur les foules. Elles ne sont pas influencées par les raisonnements et ne comprennent que des associations grossières d’idées. Les orateurs qui les impressionnent font appel à leurs sentiments, jamais à leur raison. Les lois de la logique n’ont aucune action sur elles. Pour les convaincre, il faut comprendre leurs sentiments, feindre de les partager, puis les modifier par des associations rudimentaires et des images suggestives. Un discours préparé à l’avance est inefficace car il ne suit pas la pensée des auditeurs.

Les esprits logiques sont surpris du manque d’effet de leurs arguments. La foule est incapable de suivre des chaînes de raisonnements logiques. Le Bon rappelle la ténacité des superstitions religieuses, contraires à la logique, qui ont courbé les plus lumineux génies pendant des siècles. Il se demande s’il faut regretter que la raison ne guide pas les foules, suggérant que les « chimères », filles de l’inconscient, étaient sans doute nécessaires pour entraîner l’humanité dans les voies de la civilisation. Des événements invraisemblables, comme un charpentier de Galilée devenant un dieu, ou un lieutenant d’artillerie régnant sur des peuples, montrent que l’histoire n’est pas régie par la raison. Il conclut qu’il faut laisser la raison aux philosophes et ne pas trop lui demander d’intervenir dans le gouvernement des hommes.

👑 Les Meneurs et Leur Pouvoir sur les Foules

Qui sont les Meneurs ? 🌟

Dès qu’un groupe d’êtres vivants est réuni, ils se placent instinctivement sous l’autorité d’un chef. Dans les foules humaines, le chef est un meneur, dont la volonté est le noyau autour duquel se forment les opinions. La foule est un « troupeau servile » qui a besoin d’un maître.

Le meneur est souvent lui-même un « mené », hypnotisé par l’idée dont il devient l’apôtre. Tout s’efface en dehors de cette idée, et toute opinion contraire lui apparaît comme une erreur. Les meneurs sont généralement des hommes d’action, peu clairvoyants, car la clairvoyance mène au doute et à l’inaction. Ils se recrutent parmi les « névrosés, excités, demi-aliénés ». La logique est impuissante face à leur conviction, et les persécutions ne font que les exciter davantage. L’intérêt personnel, la famille, l’instinct de conservation sont sacrifiés, souvent au prix du martyre. L’intensité de leur foi donne une grande puissance suggestive à leurs paroles, et la multitude est toujours prête à écouter l’homme doté d’une volonté forte.

Le Bon distingue deux catégories de meneurs :

  • Ceux à volonté forte mais momentanée : violents, braves, hardis, utiles pour des actions ponctuelles, transformant les masses en héros (ex: Ney, Murat, Garibaldi). Leur énergie est puissante mais éphémère, et ils nécessitent d’être eux-mêmes menés par une idée ou un autre homme.
  • Ceux à volonté forte et durable : beaucoup plus rares, sont les vrais fondateurs de religions ou de grandes œuvres (ex: Saint Paul, Mahomet, Christophe Colomb, Lesseps). Leur volonté persistante est infiniment rare et forte, faisant tout plier. L’histoire de la construction du canal de Suez par Lesseps est un exemple éloquent de la puissance de cette volonté.

Les Moyens d’Action : Affirmation, Répétition, Contagion 🔄

Pour influencer durablement les idées et croyances des foules, les meneurs ont recours à trois procédés principaux :

  • L’affirmation : Pure et simple, dénuée de tout raisonnement ou preuve. Plus elle est concise et dépourvue de démonstration, plus elle a d’autorité. Les livres religieux et les codes procèdent ainsi, tout comme les hommes d’État ou les publicitaires.
  • La répétition : L’affirmation n’a d’influence réelle que si elle est constamment répétée, et si possible, dans les mêmes termes. Napoléon aurait dit que la répétition est la seule figure de rhétorique sérieuse. La répétition incruste l’idée dans les régions profondes de l’inconscient, au point que l’on finit par y croire sans savoir d’où elle vient. C’est la force de la publicité. Seule l’affirmation et la répétition peuvent se combattre mutuellement.
  • La contagion : Lorsqu’une affirmation est suffisamment répétée avec unanimité, un « courant d’opinion » se forme, et le puissant mécanisme de la contagion intervient. Les idées, sentiments, émotions, et croyances possèdent un pouvoir contagieux aussi intense que celui des microbes. On l’observe chez les animaux (tic d’un cheval, panique de moutons). Chez l’homme en foule, les émotions sont rapidement contagieuses, expliquant les paniques. La contagion ne nécessite pas une présence simultanée ; elle peut agir à distance sous l’influence d’événements (ex: Révolution de 1848 se propageant en Europe). L’imitation est un effet de la contagion. Le Bon note que l’imitation est un besoin naturel de l’homme, puissante à condition d’être facile et ne pas s’écarter trop des idées reçues. La contagion est si puissante qu’elle impose non seulement des opinions mais aussi des façons de sentir. Les opinions et croyances des foules se propagent par contagion, jamais par raisonnement. Ce mécanisme fait que les opinions populaires finissent par s’imposer aux couches sociales supérieures, même si elles sont absurdes. L’intelligence guide le monde, mais de loin, car les idées des philosophes doivent être déformées par les meneurs et les foules pour triompher.

Le Prestige : L’Outil Ultime du Pouvoir 💎

Le prestige est un pouvoir mystérieux qui contribue à donner une grande puissance aux idées propagées par affirmation, répétition et contagion. Il est une forme de domination qui paralyse les facultés critiques et remplit l’âme d’étonnement et de respect, comparable à la fascination hypnotique. Les dieux, les rois et les femmes n’auraient jamais régné sans lui.

Le Bon distingue deux formes :

  • Prestige acquis (artificiel) : Donné par le nom, la fortune, la réputation, les titres (ex: militaire en uniforme, magistrat en robe). Pascal a noté l’importance des robes et perruques pour les juges. Le succès des opinions dépend uniquement de leur prestige, et non de leur vérité ou erreur.
  • Prestige personnel : Une faculté individuelle, indépendante des titres, possédée par un petit nombre de personnes, leur permettant d’exercer une « fascination véritablement magnétique ». Les grands meneurs de foules comme Bouddha, Jésus, Mahomet, Jeanne d’Arc, Napoléon, possédaient ce prestige à un haut degré. Ce prestige existait souvent avant qu’ils ne deviennent célèbres. Le Bon donne l’exemple de Napoléon, qui, en tant que général inconnu, a subjugué ses rudes généraux dès la première rencontre par son seul regard. Ce prestige est si puissant qu’il peut amener les hommes à des actes extrêmes (ex: la loyauté de Davoust envers Napoléon). Il explique le « merveilleux retour de l’île d’Elbe ».

Le prestige n’est pas seulement fondé sur l’ascendant personnel ou la gloire militaire ; il peut avoir des origines plus modestes. L’exemple de Lesseps, qui a uni deux continents avec le canal de Suez, démontre le pouvoir d’une volonté immense et la fascination qu’il exerçait. Cependant, le prestige disparaît presque toujours avec l’insuccès. Un héros acclamé la veille peut être conspué le lendemain s’il échoue, et la réaction est d’autant plus vive que le prestige était grand. La discussion aussi use lentement le prestige ; les hommes et les dieux qui ont gardé leur prestige n’ont jamais toléré la discussion. Pour être admiré des foules, il faut se tenir à distance.

📊 Classification et Applications : Les Foules en Action

Le Bon classifie les foules pour mieux comprendre leurs dynamiques spécifiques.

Foules Hétérogènes et Homogènes 🤝

Le point de départ est la simple multitude, la forme la plus inférieure étant composée d’individus de races différentes (ex: barbares envahissant l’Empire Romain). Au-dessus, se trouvent les multitudes qui ont acquis des caractères communs et formé une race. Ces deux catégories peuvent se transformer en foules organisées ou psychologiques. Le Bon les divise ainsi :

  • Foules hétérogènes : Composées d’individus quelconques, quelle que soit leur profession ou leur intelligence. Elles peuvent être anonymes (foules des rues) ou non anonymes (jurys, assemblées parlementaires). Le facteur de la race y est prépondérant, entraînant des différences profondes entre les foules de nationalités différentes (ex: foule latine appelant à l’État, foule anglo-saxonne à l’initiative privée).
  • Foules homogènes :
    • Sectes : Premier degré d’organisation, individus de différents milieux unis par des croyances (politiques, religieuses).
    • Castes : Plus haut degré d’organisation, individus de même profession, éducation et milieux (militaire, sacerdotale).
    • Classes : Individus d’origines diverses réunis par des intérêts, habitudes de vie et éducation similaires (bourgeoisie, paysans). Le Bon se concentre principalement sur les foules hétérogènes dans cet ouvrage.

Les Foules Criminelles : Une Question d’Inconscient 🔪

Bien que certains actes de foule soient légalement criminels, Le Bon considère qu’ils ne le sont pas psychologiquement, car la foule agit comme un automate inconscient sous l’influence de suggestions puissantes. Les individus impliqués sont persuadés d’obéir à un devoir, contrairement au criminel ordinaire.

Il donne l’exemple du meurtre du gouverneur de la Bastille, M. de Launay, où un cuisinier, sous l’influence de la suggestion collective, se persuade qu’il accomplit un acte patriotique. Le cas des septembriseurs (massacreurs de prisonniers en 1792) est un autre exemple typique. Composée de boutiquiers et d’artisans, cette foule était convaincue d’accomplir un devoir patriotique, agissant comme juges et bourreaux. Leurs actes montraient la simplisme et l’équité rudimentaire des foules, condamnant des catégories entières (nobles, prêtres) sans jugement individuel. Ils manifestaient à la fois une férocité extrême et une sensibilité surprenante (souci pour les détenus sans eau, embrassant les acquittés). Leur scrupule se manifestait par le refus de s’emparer de l’argent des victimes, le rapportant aux comités. Leurs raisonnements rudimentaires les amenaient à massacrer des bouches inutiles, y compris des enfants, pour le bien de la nation. Après leur travail, ils réclamaient une récompense, voire une médaille, convaincus d’avoir bien servi la patrie.

Les Jurés : Un Exemple de Foule Non-Anonyme 🧑‍⚖️

Les jurés des cours d’assises sont un exemple de foule hétérogène non anonyme. Le Bon observe que le niveau mental des individus composant le jury a peu d’importance sur les décisions. Les statistiques prouvent que les verdicts sont restés identiques, quelle que soit la composition sociologique du jury (composé d’éclairés avant 1848, puis de petits commerçants et employés).

Comme toutes les foules, les jurés sont fortement impressionnés par les sentiments et faiblement par les raisonnements. Ils sont indulgents pour les crimes passionnels (infanticide, vengeance de filles abandonnées), qu’ils estiment peu dangereux pour la société, mais impitoyables pour les crimes qui les menacent directement. Ils sont éblouis par le prestige (nom, fortune, avocat célèbre).

Les avocats célèbres savent agir sur les sentiments des jurés, utilisant des raisonnements rudimentaires. L’art oratoire implique d’observer le jury, de distinguer les membres acquis, et de deviner les raisons de l’opposition chez les autres. Il n’est pas nécessaire de convaincre tous les membres, mais seulement les meneurs (un ou deux individus énergiques) qui entraîneront les autres. Lachaud, un avocat illustre, a démontré cet art en s’adressant directement à un juré récalcitrant par un geste de prévenance, le ralliant ainsi à sa cause.

Le Bon défend l’institution du jury malgré ses erreurs, car il est une protection contre les erreurs fréquentes d’une « caste sans contrôle » (les magistrats). Les erreurs reprochées aux jurys sont souvent d’abord celles des magistrats instructeurs. Le jury, insensible à la dureté de la loi, peut tempérer ses rigueurs en considérant les cas particuliers et la pitié, contrairement au juge qui ne connaît que le texte de loi.

Les Foules Électorales : Le Mythe de la Raison Populaire 🗳️

Les foules électorales, bien que hétérogènes, partagent les caractéristiques des foules : faible aptitude au raisonnement, absence d’esprit critique, irritabilité, crédulité et simplisme. Elles sont sensibles à l’influence des meneurs, à l’affirmation, à la répétition, au prestige et à la contagion.

La première condition pour un candidat est le prestige, ou la fortune. Les électeurs, même ouvriers ou paysans, choisissent rarement l’un des leurs car ils n’ont aucun prestige à leurs yeux. Le candidat doit flatter les convoitises et vanités des électeurs, leur faisant des promesses fantastiques et injuriant l’adversaire par affirmation et répétition, sans chercher de preuves. Le programme écrit doit être vague pour éviter d’être contredit, mais le programme verbal ne peut être trop excessif.

La puissance des mots et des formules est capitale. Des expressions comme « l’infâme capital » ou « la socialisation des richesses » ont toujours un effet. Une formule nouvelle, sans sens précis mais répondant à diverses aspirations, assure le succès (ex: la « république fédérale » en Espagne en 1873). Les réunions électorales sont des lieux d’affirmations, d’invectives et parfois de bagarres, jamais de raisonnements. L’opinion des électeurs est formée par les comités électoraux, dirigés par des meneurs, souvent des commerçants influents. Le Bon qualifie les comités de la « forme la plus redoutable de la tyrannie ».

Malgré les inconvénients évidents du suffrage universel (décisions dangereuses, coûts élevés, etc.), Le Bon ne préconise pas son remplacement. Il le conserverait pour des motifs pratiques : le dogme de la souveraineté des foules a une puissance absolue, comparable aux dogmes religieux du Moyen Âge, et est inattaquable. Seul le temps peut agir sur de tels dogmes. De plus, même un suffrage restreint aux « capacités » ne garantirait pas de meilleurs votes, car en foule, les hommes s’égalisent mentalement. Les votes des foules, qu’ils soient restreints ou généraux, républicains ou monarchiques, reflètent partout les aspirations et besoins inconscients de la race.

Les Assemblées Parlementaires : Miroir des Défauts de la Foule 🏛️

Les assemblées parlementaires sont des foules hétérogènes non anonymes, partageant les caractéristiques générales des foules : simplisme des idées, irritabilité, suggestibilité, exagération des sentiments, influence des meneurs. Leur simplisme se manifeste par une tendance à résoudre les problèmes complexes par des principes abstraits simples et des lois générales, poussant toujours les opinions à l’extrême. Les Jacobins de la Révolution sont un exemple de ce dogmatisme.

Elles sont très suggestibles, mais avec des limites claires : sur les questions d’intérêt local, les opinions des membres sont fixes et irréductibles, car elles reflètent les exigences des électeurs. Sur les questions générales, l’opinion n’est pas fixe, et les meneurs agissent, mais le député est tiraillé entre des suggestions contraires, menant à l’indécision.

Les meneurs sont les vrais maîtres d’une assemblée, agissant par leur prestige. Le succès d’un discours dépend presque entièrement du prestige de l’orateur, non de ses arguments. L’orateur inconnu, même avec de bonnes raisons, a peu de chances d’être écouté. Le Bon note que l’intelligence et l’instruction sont souvent plus nuisibles qu’utiles aux meneurs, car la clairvoyance émousse l’intensité des convictions. Les grands meneurs sont souvent bornés, et les plus bornés exercent la plus grande influence (ex: Robespierre).

Lorsque excitées, les assemblées parlementaires deviennent des foules ordinaires, montrant des sentiments extrêmes et des actes d’héroïsme ou d’excès, même contraires aux intérêts personnels. Les membres peuvent voter des mesures extrêmes, comme la noblesse renonçant à ses privilèges ou les conventionnels à leur inviolabilité, agissant par automatisme et suggestion.

Cependant, les assemblées ne sont des foules qu’à certains moments. Les individus peuvent conserver leur individualité dans de nombreux cas, permettant l’élaboration de lois techniques excellentes par des spécialistes, qui agissent alors comme des meneurs momentanés.

Le Bon considère le régime parlementaire comme le meilleur trouvé par les peuples pour se gouverner et échapper aux tyrannies personnelles. Mais il présente deux dangers sérieux :

  1. Gaspillage des finances : Conséquence des exigences et de l’imprévoyance des foules électorales (ex: retraites ouvrières, augmentations de salaire pour fonctionnaires, dépenses d’intérêt local). Les députés cèdent par crainte des électeurs.
  2. Restriction progressive des libertés individuelles : Due à la multiplication des lois restrictives, votées par les parlements avec leur esprit simpliste. Cela entraîne une augmentation du pouvoir des fonctionnaires qui les appliquent, devenant les véritables maîtres. Leur puissance est grande car ils échappent aux changements de pouvoir, possédant l’irresponsabilité, l’impersonnalité et la perpétuité. Cette restriction finit par rendre les citoyens passifs et sans énergie. L’État devient un dieu tout-puissant, mais son pouvoir est fragile.

🔮 L’Héritage de Le Bon et la Société Moderne

Les Limites de Variabilité des Croyances : Entre Stabilité et Mobilité 🎢

Les croyances et opinions des foules se divisent en deux classes :

  • Grandes croyances permanentes (fixes) : Durent des siècles, sur lesquelles reposent des civilisations entières (ex: féodalisme, christianisme, principe des nationalités, idées démocratiques et sociales). Elles sont difficiles à établir mais, une fois ancrées, leur puissance est invincible et ne peut être changée qu’au prix de révolutions violentes. La discussion met fin à leur pouvoir. Le Bon affirme que l’intolérance est une « vertu » nécessaire pour fonder ou maintenir ces croyances générales. L’absurdité philosophique d’une croyance générale n’est pas un obstacle à son triomphe ; elle semble même possible à condition de contenir une « mystérieuse absurdité ».
  • Opinions momentanées et changeantes (mobiles) : Plus superficielles, elles naissent et meurent constamment, comme la mode. Elles sont le plus souvent dérivées des conceptions générales et portent l’empreinte des qualités de la race.

Le Bon observe que la somme des opinions mobiles est plus grande que jamais pour trois raisons :

  1. Les anciennes croyances perdent leur empire, laissant place à une multitude d’opinions particulières sans passé ni avenir.
  2. La puissance croissante des foules, avec moins de contrepoids, permet à leur mobilité d’idées de se manifester librement.
  3. La diffusion récente de la presse expose les foules à des opinions contraires, annulant les suggestions et rendant chaque opinion éphémère.

Il en résulte une impuissance des gouvernements à diriger l’opinion. La presse, autrefois directrice, ne fait plus que refléter l’opinion des foules. Cette absence de direction et la dissolution des croyances générales ont conduit à un émiettement des convictions et à une indifférence croissante des foules pour ce qui ne touche pas leurs intérêts immédiats. Le Bon ne déplore pas trop cet émiettement, car il empêche une opinion unique d’acquérir un pouvoir tyrannique et de clore la libre discussion.

Le Cycle des Civilisations : De la Barbarie à la Décadence 🔄

Le Bon conclut son ouvrage en décrivant le cycle fatal des civilisations.

  1. Aurore de la civilisation (barbarie) : Une poussière d’hommes d’origines diverses, réunis par les hasards des migrations et des conquêtes, sans lien commun fort, présente les caractéristiques des foules : cohésion momentanée, impulsions, violences.
  2. Formation de la race et de l’idéal (civilisation) : Le temps agit, l’identité des milieux et les croisements fusionnent l’agglomération en une race dotée de caractères et sentiments communs. Ce peuple sort de la barbarie en acquérant un idéal commun (culte de Rome, puissance d’Athènes, triomphe d’Allah), qui donne unité de sentiments et de pensées. Une nouvelle civilisation naît alors avec ses institutions, croyances et arts. L’âme de la race devient un substrat solide qui limite les oscillations de la foule.
  3. Déclin (vieillesse et retour à la barbarie) : Une fois la civilisation parvenue à un certain niveau de puissance et de complexité, elle cesse de croître et décline. Cette heure est marquée par l’affaiblissement de l’idéal qui soutenait l’âme de la race. La race perd sa cohésion, son unité et sa force. L’égoïsme collectif est remplacé par un développement excessif de l’égoïsme individuel, l’affaissement du caractère et la diminution de l’aptitude à l’action. Le peuple devient une agglomération d’individualités sans cohésion, maintenues artificiellement par les traditions et institutions. Les hommes, ne sachant plus se gouverner, demandent à être dirigés, et l’État exerce une influence absorbante.
  4. Fin de la civilisation : Avec la perte définitive de l’idéal ancien, la race perd entièrement son âme et redevient une « poussière d’individus isolés », une foule sans consistance ni lendemain. La civilisation perd sa fixité et est à la merci des hasards ; la plèbe est reine et les barbares avancent. C’est un édifice vermoulu qui s’effondrera au premier orage.

Le cycle de vie d’un peuple est de passer de la barbarie à la civilisation en poursuivant un rêve, puis de décliner et mourir dès que ce rêve a perdu sa force.

Conclusion : Pertinence Aujourd’hui 💡

L’œuvre de Gustave Le Bon, « Psychologie des foules », bien que datant de la fin du XIXe siècle, offre une analyse intemporelle des dynamiques de groupe et de l’influence collective. Ses observations sur la volatilité des foules, leur suggestibilité, leur aversion pour la raison et leur besoin de meneurs et d’illusions, résonnent avec une acuité particulière dans notre ère d’information et de polarisation.

Le Bon nous alerte sur la fragilité de la civilisation face à l’inconscient collectif et la puissance démesurée que peuvent acquérir les foules lorsqu’elles sont désillusionnées ou manipulées. Son étude souligne l’importance des facteurs psychologiques profonds – la race, les traditions, les croyances – qui, bien que souvent invisibles, sont les véritables architectes de l’histoire humaine, reléguant les institutions et les raisonnements à des rôles secondaires.

En nous invitant à regarder au-delà des apparences et à reconnaître la force des passions et des mythes dans la conduite des hommes, Gustave Le Bon nous dote d’une grille de lecture essentielle pour comprendre les bouleversements sociaux, les mouvements politiques et la complexité des opinions publiques qui continuent de façonner notre monde. Une lecture indispensable pour naviguer l’ère des foules ! 📚✨


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