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Le Soleil des Scorta, de Laurent Gaudé

Posted on juin 7, 2025juin 7, 2025 By jeansaistrop76@gmail.com Aucun commentaire sur Le Soleil des Scorta, de Laurent Gaudé

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Sommaire

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  • Le Soleil des Scorta : Une Saga Familiale Éblouissante sous le Ciel des Pouilles ✨🇮🇹
    • ☀️ Chapitre 1 : Aux Origines du Destin sous la Chaleur
    • ⛓️ Chapitre 2 : La Malédiction Transformée
    • 🚢 Chapitre 3 : L’Illusion Américaine et le Retour
    • 🚬 Chapitre 4 : L’Empire du Tabac et la Sueur
    • 🍽️ Chapitre 5 : L’Apogée du Clan au Trabucco
    • 🌞 Chapitre 6 : Les Mangeurs de Soleil et les Ombres
    • 💃 Chapitre 7 : La Tarentelle, l’Amour et la Destruction
    • 🌊 Chapitre 8 : La Plongée Solitaire de Donato
    • 💥 Chapitre 9 : La Terre Tremble, le Silence se Rompt
    • 🙏 Chapitre 10 : Le Fil Continu de la Procession
    • 📚 Analyse Thématique : Le Soleil des Scorta
    • 🌟 Conclusion : L’Éternel Retour sous le Soleil

Le Soleil des Scorta : Une Saga Familiale Éblouissante sous le Ciel des Pouilles ✨🇮🇹

Plongez dans les ruelles poussiéreuses de Montepuccio et explorez la saga tumultueuse de la famille Scorta, racontée avec une force et une poésie saisissantes dans l’œuvre que nous allons décortiquer. Bienvenue dans un voyage littéraire intense, là où le destin se joue sous un soleil implacant.

☀️ Chapitre 1 : Aux Origines du Destin sous la Chaleur

Notre histoire débute dans le massif du Gargano, dans le sud de l’Italie, où la chaleur du mois d’août semble fendre la terre. Un homme arrive à dos d’âne, épuisé mais déterminé. Après quinze années d’attente, il est en route et « ira jusqu’au bout ». Sa destination : le village de Montepuccio. Ce cavalier n’est autre que Luciano Mascalzone, un homme que le village avait oublié, content de s’en être débarrassé.

Luciano, autrefois un « bandit » vivant de rapines et de vol, a passé quinze ans en prison. Durant cette période, son seul désir ardent, son unique « îlot » de sens dans une existence terne, fut Filoména Biscotti, une jeune fille du village qu’il désirait posséder. De retour, il frappe à la porte de la maison des Biscotti. Une femme d’une quarantaine d’années lui ouvre, sans exprimer la moindre émotion. C’est Immacolata, la sœur cadette de Filoména.

Dans un silence lourd de sens, Luciano entre. Il la prend dans ses bras, la déshabille et murmure le nom qu’il a rêvé pendant quinze ans : « Filoména… ». Mais il se trompe. Il n’y a pas de vengeance dans cet acte, seulement « deux seins lourds » et le « parfum de femme » qu’il a tant désiré. Immacolata, quant à elle, reconnaît Luciano et consent à son désir, sentant qu’elle lui appartient par la force du destin. Elle ne révèle pas qu’il la prend pour sa sœur décédée, préférant lui offrir ce plaisir pour être, « au moins une fois dans sa vie », la femme d’un homme.

Luciano savait que revenir à Montepuccio et entrer dans cette maison lui coûterait la vie. En sortant, il se retrouve face aux voisines. Il les défie, se rebraguettant ostensiblement, montrant qu’il a obtenu ce qu’il était venu chercher. La nouvelle de son retour se propage. Reconnu, il traverse le village, impassible face aux insultes et menaces. Bloqué à la sortie par un groupe d’hommes armés, il accepte sa mort imminente, lapidé comme un excommunié.

Juste avant de mourir, le curé Don Giorgio tente d’intervenir. Mais l’agonie trop longue permet à Luciano d’entendre les villageois l’insulter. L’une des dernières injonctions lui glace le sang : « Immacolata est la dernière femme que tu violeras, fils de porc ». Il comprend alors son erreur. Ce n’était pas Filoména, morte depuis longtemps, mais Immacolata qui, en vieillissant, avait fini par ressembler à sa sœur.

Malgré cette révélation humiliante, Luciano meurt, pensant : « J’ai joui. Dans les bras de cette femme. J’ai joui ». Son erreur finale rend sa mort dérisoire aux yeux du destin. Il meurt ridiculisé, mais avec une satisfaction profonde d’avoir accompli son désir, peu importe l’identité de la femme.

De cette rencontre naîtra une lignée : celle des Mascalzone. Immacolata tombe enceinte et donne naissance à un fils, Rocco, né d’une « erreur », d’un « malentendu ». Ce premier chapitre pose les bases d’une saga marquée par le destin, les erreurs et les retours fracassants.

⛓️ Chapitre 2 : La Malédiction Transformée

Rocco, le fils de Luciano Mascalzone et d’Immacolata Biscotti, connaît une naissance difficile qui semble épuiser sa mère, laquelle meurt peu après. Le village, voyant dans la mort d’Immacolata un signe divin contre cette union « contre nature », décide qu’il vaut mieux tuer le nourrisson. Mais Don Giorgio, le curé, s’y oppose avec fureur, maudissant les villageois et plaçant l’enfant sous sa protection. Il emmène Rocco à San Giocondo, un village voisin et ennemi de Montepuccio, et le confie à un couple de pêcheurs.

Rocco grandit loin de Montepuccio, mais revient lorsqu’il est en âge d’y semer la terreur. Il devient un « véritable brigand », volant, pillant, et assassinant. Sa réputation s’étend sur toute la région. Il revient à Montepuccio « comme un homme qui n’a rien à se reprocher » et s’installe sur les hauteurs, bâtissant une grande ferme luxueuse. Il est riche. À ceux qui le supplient, il répond : « Je suis votre châtiment ».

Rocco se présente un jour à Don Giorgio pour se marier. Sa future épouse est une jeune femme muette et sourde, sans nom de famille, que Rocco insiste pour appeler Scorta Mascalzone. Don Giorgio, bien qu’inquiet, célèbre l’union.

Plus tard, Rocco confesse ses crimes à Don Giorgio. Il a tué, pillé, volé. Face à un curé horrifié qui ne peut lui donner l’absolution, Rocco offre de faire don de toute sa fortune à l’Église. Il justifie ce don en disant que l’argent est sale et qu’il ne veut pas le léguer à ses enfants pour ne pas les conforter dans le péché. Don Giorgio, bien que sceptique, accepte le don. Rocco révèle alors sa véritable raison : il veut qu’en échange, l’Église enterre les siens « comme des princes ». C’est une provocation, un défi lancé à Montepuccio : sa lignée sera pauvre, méprisée, mais l’Église devra leur rendre les honneurs funéraires les plus fastueux pour « clouer leur bec ».

Rocco meurt peu après cette confession. Sa mort surprend le village qui l’avait vu robuste la veille. Avant de mourir, face à la foule massée dans sa chambre, il les défie, se moque de la mort et des fresques de l’enfer, affirmant avoir vécu comme il l’entendait et n’avoir aucun regret.

Son enterrement est d’une magnificence inédite à Montepuccio, avec une longue procession, l’utilisation de la statue du saint patronal et de nombreux musiciens. Le village est stupéfait par le don de sa fortune à l’Église. Rocco sourit dans sa tombe, ayant réussi à tenir le village « dans sa main ».

Montepuccio interprète cet acte comme une transformation de la malédiction des Mascalzone : de la folie, elle devient la pauvreté, jugée plus respectable. Pour les enfants de Rocco – Domenico, Giuseppe et Carmela, ainsi que Raffaele, leur ami fidèle – la réaction est différente. Devant la tombe, ils ressentent non pas le chagrin, mais la haine. Ils comprennent que leur père les a condamnés à la misère par « une volonté sauvage ».

🚢 Chapitre 3 : L’Illusion Américaine et le Retour

Après la mort de leur père, les enfants Scorta sont convoqués par Don Giorgio. Le curé a pris soin de leur mère, la Muette, mais pour les enfants, il propose une autre solution pour leur éviter une vie de misère à Montepuccio : des billets pour New York, payés par l’Église. Les trois frères et sœur acceptent immédiatement, rêvant d’une vie meilleure.

Le voyage vers Naples puis l’Atlantique est marqué par l’espoir et la découverte d’un monde plus vaste. À leur arrivée à New York, ils sont émerveillés par la baie et les immeubles, se sentant enfin à leur place parmi la foule hétéroclite des migrants à Ellis Island.

Cependant, lors des examens médicaux, Carmela est marquée à la craie et refusée pour cause de maladie. Elle est dévastée. Un interprète leur annonce qu’elle doit repartir. Giuseppe propose que Domenico continue seul, mais Domenico refuse fermement : « C’est tous les trois ou personne ». Leur rêve américain s’effondre. Ils repartent sur un bateau de « damnés » et de « malchanceux ».

Durant le long voyage de retour, Carmela se remet et devient active, aidant les autres passagers. Les Scorta profitent de la mort de certains passagers pour récupérer quelques biens redistribués parmi la communauté à bord. Un vieux Polonais qu’ils appellent Korni leur laisse huit pièces d’or et un crucifix avant de mourir. Cet argent leur permet de faire du petit commerce lors des escales en Europe, accumulant un « minuscule trésor » qui les rendra plus riches qu’à leur départ de Naples.

C’est de ces voyages que naît le don du commerce de Carmela. Ils reviennent à Naples et entreprennent le chemin de retour vers Montepuccio, à dos d’âne.

De retour, ils rencontrent Raffaele, leur ami fidèle, qui les attendait sur le corso. Raffaele, qui a subi des violences de ses parents pour avoir fréquenté les Scorta, les accueille chaleureusement et leur offre un festin.

C’est Raffaele qui leur annonce une nouvelle tragique : leur mère, la Muette, est morte deux mois plus tôt. Don Giorgio est également décédé avant elle. Le nouveau curé, Don Carlo Bozzoni, l’a enterrée dans la fosse commune.

Scandalisés par cet affront, les frères et sœur, accompagnés de Raffaele, décident d’exhumer leur mère la nuit pour l’enterrer dignement dans un trou creusé par eux. Raffaele prend part à ce geste sacré, se sentant devenir un « quatrième Scorta », leur « frère ». Ce moment scelle leur union et leur identité : « Nous n’avons pas de parents. Nous sommes les Scorta. Tous les quatre. ».

Malgré leur échec à New York, ils conviennent de ne jamais en parler à quiconque. Pour le village, ils sont allés en Amérique et ont fait fortune. Ils peuvent raconter New York grâce aux lettres du frère de Korni, traduites sur le bateau de retour. Ils veulent que le mythe de New York s’accroche aux Scorta. Carmela confie l’ex-voto Naples-New York à Don Salvatore pour qu’il le transmette à sa future petite-fille, Anna, perpétuant ainsi le « mensonge » qui, pour elle, n’en est pas un.

Ce chapitre souligne la résilience des Scorta, leur capacité à transformer un échec en mythe, et l’importance de la famille comme refuge face à l’adversité.

🚬 Chapitre 4 : L’Empire du Tabac et la Sueur

De retour à Montepuccio, les quatre « frères et sœur » vivent dans la petite maison de Raffaele, menant une vie misérable. Ils gagnent leur vie péniblement : Raffaele comme pêcheur, Domenico et Giuseppe comme ouvriers agricoles, et Carmela en cuisinant ou brodant. Ils possèdent toujours l’argent accumulé sur le bateau du retour, gardé comme un trésor.

Carmela, dotée d’un instinct commercial développé lors du voyage, propose d’utiliser cet argent non pas pour une maison, mais pour « quelque chose de mieux ». Après avoir observé la vie du village, elle a une idée : ouvrir un bureau de tabac. C’est une idée audacieuse car personne n’en a.

Ils achètent un local sur le corso Garibaldi. Mais il leur manque de l’argent pour obtenir la licence, qu’il faut soudoyer. Raffaele leur donne l’argent manquant, refusant d’en expliquer l’origine. Il s’avère plus tard que cet argent provient de Don Carlo Bozzoni, le curé qu’il a dépouillé. Domenico se charge des pots-de-vin, faisant des allers-retours à San Giocondo pendant six mois pour livrer des victuailles au directeur du Monopolio di Stato.

Enfin, ils obtiennent la licence. Ils n’ont plus un sou mais possèdent les murs et le droit de vendre du tabac. Ils commencent avec des cigarettes à crédit, installant le stock sur des caisses en carton. Ils ouvrent la première « Tabaccheria Scorta Mascalzone Rivendita n° 1 » de Montepuccio.

Ce bureau de tabac devient le centre de leur vie, symbolisant leur lutte pour échapper à la misère. Ils travaillent sans relâche pour le faire prospérer. Carmela, en particulier, gère les finances et s’endette auprès d’usuriers pour maintenir l’activité. Elle finit par rembourser toutes ses dettes, ressentant un immense sentiment de liberté.

Le tabac devient leur « croix » et leur fierté. Carmela reconnaît la dette de temps et de sommeil de ses frères. Elle porte en elle un conflit entre son devoir envers ses frères qui l’ont aidée et aimée, et son amour maternel qui la pousse à tout garder pour ses propres fils. Elle finit par donner la priorité à ses enfants, se voyant comme une « louve » protégeant sa portée, et admet avoir « ruiné » ses frères en les empêchant d’avoir la vie qu’ils méritaient, notamment en Amérique.

L’âne qui les a ramenés de Naples, baptisé « Muratti », devient le symbole de leur travail acharné, transportant le tabac. Ils lui font même fumer des herbes sèches, un spectacle qui amuse le village.

🍽️ Chapitre 5 : L’Apogée du Clan au Trabucco

Raffaele, malgré sa vie humble de pêcheur, restaure secrètement un vieux « trabucco » (une plateforme de pêche traditionnelle) appartenant à la famille de sa femme. C’est un amas de bois branlant mais résistant, symbole de la lutte contre les éléments.

Un dimanche, Raffaele invite tout le clan Scorta à cet endroit. La famille est surprise de découvrir le trabucco rénové et décoré. Raffaele les accueille chaleureusement et leur offre un somptueux banquet de poissons. C’est la première fois que tout le clan se retrouve au complet, et ce repas reste gravé dans leur mémoire comme l’apogée de leur unité et de leur bonheur.

Au cours du repas, Raffaele, surnommé Faelucc’, prend la parole. Il évoque le surnom donné aux Scorta par le village : « les taciturnes ». Il leur demande de ne pas être silencieux entre eux et surtout, de transmettre à leurs enfants ce qu’ils ont appris, notamment de leur voyage à New York. C’est un serment : chacun parlera au moins une fois dans sa vie à une nièce ou un neveu pour lui transmettre un savoir.

Après ce banquet, les vies des membres du clan commencent à se transformer. Domenico épouse Maria Faratella, une femme aisée, et travaille au bar de sa famille. Raffaele et Giuseppe se marient avec des filles de pêcheurs et se consacrent à la mer. Antonio Manuzio, le mari de Carmela, décide de partir se battre en Espagne pour gagner en prestige politique. Carmela ne partage pas cet enthousiasme, sentant que la place des hommes de la famille est à Montepuccio, luttant pour leur survie. Antonio meurt en Espagne.

Après le décès d’Antonio, Domenico, Giuseppe et Raffaele décident de laisser le bureau de tabac à Carmela pour qu’elle puisse subvenir aux besoins de ses deux fils, Elia et Donato. C’est un acte de solidarité, mais aussi, de manière indirecte, une acceptation du destin qui les lie au tabac et à cette terre.

Ce chapitre est central car il montre un moment de grâce et de parfaite harmonie familiale, tout en annonçant les épreuves à venir. Le serment de transmission des histoires est également crucial pour la suite du roman.

🌞 Chapitre 6 : Les Mangeurs de Soleil et les Ombres

En 1946, un nouveau curé arrive à Montepuccio : don Salvatore, surnommé « le Calabrais ». Il s’impose rapidement par sa rudesse et son franc-parler, critiquant les pratiques païennes du village et les exhortant à la repentance. Il est adopté par les Montepucciens qui préfèrent sa force à la mollesse de son prédécesseur.

Les enfants Scorta grandissent. Elia, le fils de Carmela, commet un acte qui choque le village : il vole les médailles de la statue de San Michele, le saint patron. Carmela et Giuseppe sont consternés et craignent la réaction du village. Giuseppe corrige violemment Elia et rapporte les médailles à Don Salvatore, reconnaissant le crime de son neveu mais demandant que la fête patronale ait lieu.

Le village cherche à punir Elia sévèrement. Domenico, cependant, cache Elia dans sa propriété et le ravitaille en secret pendant dix jours, jusqu’à ce que la fureur du village se calme. Domenico, voyant en Elia un potentiel, lui offre la possibilité de quitter définitivement Montepuccio et de commencer une nouvelle vie ailleurs. Elia hésite, mais finalement choisit de rester, influencé par la chaleur du soleil et son attachement à sa terre. Domenico interprète ce choix comme l’impossibilité pour les Scorta d’échapper à ce pays, les qualifiant de « mangeurs de soleil« .

Donato, le jeune frère d’Elia, est profondément attristé par l’exil d’Elia. Pour le consoler, Giuseppe l’initie à la contrebande, faisant des voyages nocturnes en barque pour transporter des cigarettes. Donato trouve dans cette activité un mystère et une liberté qui le fascinent. Giuseppe lui enseigne une règle de vie fondamentale : « Il faut se débrouiller… Ne te laisse pas dire ce qui est illégal, interdit ou dangereux. La vérité, c’est qu’il faut nourrir les siens et c’est tout. ».

Les frères Rocco (Domenico et Giuseppe) et leur cousin Raffaele continuent de se retrouver chaque soir au café Da Pizzone pour jouer aux cartes, un rituel sacré. Domenico, qui s’est passionné pour les oliviers et a réussi à devenir propriétaire, meurt paisiblement dans ses champs. Sa mort affecte profondément Giuseppe.

Ce chapitre met en lumière les forces qui lient les Scorta à leur terre (le soleil, la famille) et les débuts des parcours individuels de la nouvelle génération (Elia et Donato).

💃 Chapitre 7 : La Tarentelle, l’Amour et la Destruction

La mort de Domenico plonge Giuseppe dans une réflexion sur le bonheur. Il réalise que le souvenir le plus heureux de sa vie fut le banquet au trabucco. Il se demande s’il ne devrait pas avoir honte que le sommet de son bonheur soit un repas. Raffaele le rassure, affirmant que ces moments de partage intense sont rares et précieux. Un an après Domenico, Giuseppe meurt à son tour, choisissant de revenir mourir à Montepuccio plutôt que d’atteindre un hôpital lointain.

Carmela porte le deuil de ses frères de manière définitive. Raffaele est inconsolable. Il se rend au cimetière avec Elia et, se sentant sur la fin, accomplit son serment fait au trabucco : il transmet un savoir à Elia. Il lui dit que dans la vie, il faut profiter de la « sueur », c’est-à-dire des moments de lutte et de construction, car ce sont les plus beaux.

Carmela, après la mort de Giuseppe, cesse progressivement de parler. Elle révèle plus tard à Don Salvatore que ce mutisme est né d’une confession de Raffaele. Raffaele lui a avoué qu’il l’avait toujours aimée, et que le jour où il a accepté de devenir leur frère au cimetière, il l’a fait en pleurant parce qu’il renonçait ainsi à l’aimer comme une femme. Carmela, incapable de répondre, s’est tue à partir de ce jour, regrettant sa lâcheté.

Pendant ce temps, Elia gère le bureau de tabac mais s’y ennuie, ressentant un malaise profond. Il est tombé éperdument amoureux de Maria Carminella, la fille d’une famille riche et respectable qui possède le grand hôtel du village. Il sait que leur différence de statut social est un obstacle « infranchissable ».

Désespéré, il va demander la main de Maria à son père, Don Gaetano Carminella, confessant sa pauvreté et se déclarant « fou » d’amour pour sa fille. Don Gaetano, homme prudent, comprend qu’Elia est réellement épris et promet de réfléchir. La famille de Maria est en émoi face à cette demande. Maria, apprenant la démarche d’Elia, le rejoint et le confronte, le traitant de « mulet » et de « cul-terreux », affirmant qu’elle est « plus chère » que tout ce qu’il pourrait offrir.

Elia est anéanti et cherche conseil auprès de Don Salvatore, exprimant son désir de changer de vie. Don Salvatore, direct, lui dit de vendre le tabac s’il veut partir, mais aussi de se « forcer » s’il veut mener sa vie « au plus haut point ».

Poussé par le désespoir et les paroles du curé, Elia décide de se forcer. Il aborde Maria dans la rue et lui offre « tout », jusqu’à son dernier sou. Maria réagit avec mépris, refusant d’être « achetée comme un paquet de cigarettes ». Alors qu’elle part, Elia la retient par le bras, une pulsion de violence le traverse, mais Maria lui ordonne de la lâcher d’une voix ferme. Il obéit instantanément. Maria le quitte, mais son regard trahit une « volupté » née de ce contact physique intense.

Désespéré, Elia se confie à Don Salvatore. Le curé, ne pouvant aider avec les femmes, lui conseille de danser la tarentelle, une danse calabraise censée exorciser la folie amoureuse. Elia suit ce conseil, guidé par de vieux Calabrais, et entre dans une transe où la musique et la liqueur de « solleone » (soleil lion) l’emplissent d’une fureur destructrice. Guidé par une voix intérieure, il met le feu au bureau de tabac.

L’incendie dévaste le commerce familial. Carmela est effondrée. Face aux ruines, Elia, désabusé, reconnaît que l’odeur des flammes est celle de la « sueur de [sa] mère » et de ses oncles. Maria Carminella arrive et, voyant qu’Elia a tout perdu, lui dit : « C’est bien. Je suis à toi si tu veux de moi ». Elle est attirée par cet acte de destruction totale.

Ils se marient et décident de reconstruire. Elia avoue à Maria avoir mis le feu au tabac. Il se considère comme un Scorta, fait « pour la sueur », et craint d’être corrompu par la richesse de sa belle-famille. Maria accepte cette vie de labeur (« Va pour la sueur ») et de solitude.

Leur mariage est célébré au trabucco. Donato prononce un discours émouvant, espérant que leur bonheur dure et promettant de s’en souvenir dans les moments difficiles.

Ce chapitre est le cœur de la saga, montrant la puissance dévastatrice du désir, l’influence persistante de la « folie » des Mascalzone, et la décision d’Elia et Maria de construire leur vie sur les ruines du passé, par le travail acharné.

🌊 Chapitre 8 : La Plongée Solitaire de Donato

Avant de mourir, Raffaele convoque Donato et lui confesse deux secrets lourds : il a tué Don Carlo Bozzoni, le curé, des années auparavant, et il a toujours aimé Carmela en secret, regrettant de ne jamais avoir osé le lui dire et d’avoir accepté d’être son « frère ». Donato est bouleversé par ces révélations, qui lui donnent l’impression que l’histoire de sa famille est une succession de « vies frustrées ».

La confession de Raffaele change Donato en profondeur. Il délaisse le commerce du tabac et se consacre entièrement à la contrebande maritime, trouvant refuge dans la solitude des voyages nocturnes. La mer devient son monde, où il apprend le langage des vagues et des étoiles, s’oubliant lui-même.

Un soir, il transporte illégalement une femme nommée Alba et son jeune fils depuis l’île de Montefusco vers les côtes italiennes. Il est frappé par la dignité silencieuse d’Alba. Durant la traversée, il ressent le désir intense de rester avec elle, de ne jamais accoster.

À l’arrivée, il apprend de Matteo, son contact, qu’ils étaient des migrants albanais et qu’il a été payé une somme considérable pour leur passage, bien plus que pour des cigarettes. Donato réalise avec horreur qu’il a exploité cette femme et son fils. Il éclate d’un rire « carnassier », comme celui de Rocco Mascalzone, se voyant comme le « petit-fils de Rocco », sans foi ni honte. Cette prise de conscience le marque à jamais, lui laissant un « voile » sur les yeux.

Donato disparaît progressivement de la vie du village. Il devient un passeur, transportant des migrants de toutes nationalités entre l’Albanie et l’Italie. Il continue à voir parfois son cousin Michele. Il accomplit le serment des Scorta en transmettant un savoir à Emilio, le fils de Michele, lui disant que « Les femmes ont des yeux plus grands que les étoiles ».

Obsédé par Alba, il rend souvent l’argent aux femmes seules qu’il transporte, murmurant « Pour Alba », un geste né de sa honte et de sa culpabilité. Il meurt seul en mer, laissant sa barque dériver vers le soleil couchant, rejoignant ainsi le « solleone ». Ses derniers mots sont pour son frère Elia, qu’il appelle.

Ce chapitre est marqué par la tragédie et la solitude. Donato, brisé par les secrets familiaux et le poids de sa propre action (l’exploitation d’Alba), trouve une forme de rédemption et de sens dans son rôle de passeur, tout en s’enfonçant dans l’isolement et finalement la mort en mer.

💥 Chapitre 9 : La Terre Tremble, le Silence se Rompt

Carmela, désormais très âgée et frappée de sénilité, passe ses journées assise sur une chaise devant le bureau de tabac. Sa mémoire l’a quittée, mais la présence d’Elia lui suffit.

En cet été 1980, alors que Montepuccio est animé par les touristes, un violent tremblement de terre secoue le village. La panique s’empare des habitants. Immédiatement après la secousse, les villageois sortent de leurs maisons, craignant de rester prisonniers. Ils attendent la « réplique », une autre secousse inévitable.

Dans le chaos, Elia cherche sa mère, hurlant son nom. Pendant ce temps, Carmela, revigorée par le séisme, se lève et commence à marcher vers le cimetière, parlant à voix basse et associant le tremblement de terre aux « morts qui ont faim ».

Elia apprend que sa mère s’est dirigée vers le cimetière et s’y précipite, enjambant le portail tombé. Le cimetière est dévasté par le tremblement de terre, les tombes ouvertes, les pierres effritées, les fissures profondes. Elia voit une grande faille dans l’allée et comprend que sa mère a été engloutie par la terre. Il sait qu’il ne la reverra jamais.

Dans ses dernières pensées, Carmela s’adresse à sa petite-fille, Anna, espérant que Don Salvatore lui racontera son histoire pour qu’Anna garde une trace d’elle. Elle réfléchit à ses multiples « naissances » (la caresse de Rocco, le regard de ses frères, la honte à Ellis Island). Elle accepte d’être emportée par la terre, reconnaissant son identité de « sœur des Scorta » et regrettant sa lâcheté face à Raffaele.

Le tremblement de terre est un catalyseur qui emporte Carmela, la dernière des Scorta de sa génération, dans un geste symbolique de retour à la terre qui les a vus naître et mourir.

🙏 Chapitre 10 : Le Fil Continu de la Procession

Plusieurs années ont passé. Elia, maintenant un homme âgé, est devenu le « vecchietto » (petit vieux) du quartier, une limite dans les jeux des enfants. Il réfléchit à sa vie : le travail acharné, le bonheur trouvé dans la « sueur » pour reconstruire le tabac après l’incendie, la perte de ses proches (oncles, mère, frère Donato). Il se rend au cimetière, lieu où il connaît plus de personnes qu’au village, et trouve un réconfort étrange dans cette présence des morts. Il voit les tombes de ses oncles et de sa mère. Il a une vision saisissante : ses oncles et sa mère jouant aux cartes, comme autrefois, dans le cimetière. Cette vision renforce l’idée de la continuité des siens.

Elia cherche Don Salvatore, le vieux curé (maintenant assisté par un plus jeune prêtre, Don Lino), pour lui parler « d’homme à homme ». Don Salvatore, malgré sa vieillesse et son attachement à Montepuccio, accepte l’idée de la succession des générations. Il compare la vie des hommes à celle des olives : individuelles et périssables, mais formant une chaîne éternelle. Elia s’interroge sur le sens des efforts de sa famille pour aboutir à lui, se demandant s’il est meilleur que ses oncles. Don Salvatore reconnaît que le village s’est enrichi matériellement mais s’est appauvri humainement. Elia regrette que sa vie, dédiée au tabac, ne soit que « du vent et de la fumée ».

Le soir de la fête patronale de Sant’Elia, Elia attend sa fille Anna devant le bureau de tabac pour regarder la procession. Anna, qui étudie la médecine à Bologne, est la première Scorta à quitter le village pour une vie meilleure dans le Nord.

Anna arrive en retard car Don Salvatore, accomplissant la promesse faite à Carmela, lui a raconté l’histoire de la famille, y compris les secrets de New York et l’amour de Raffaele pour Carmela. Ces révélations donnent à Anna une force intérieure et balayent l’image qu’elle avait de sa grand-mère. Elle décide de garder ces secrets pour elle, notamment celui de l’échec à New York, pour que le mythe subsiste.

Alors que la procession de Sant’Elia passe, symbolisant la tradition et la continuité, Anna serre la main de son père et lui murmure : « Rien ne rassasie les Scorta« . Cette phrase, qu’Elia avait déjà entendue de sa fille, est une révélation. Elle montre qu’Anna, malgré son nom de Manuzio et son départ vers le Nord, choisit d’embrasser l’identité et l’appétit insatiable de la lignée Scorta.

Elia, Maria, et Anna se tiennent côte à côte, face à la procession, fiers d’appartenir à cette famille et à ce village. Elia trouve un réconfort profond dans l’idée que les hommes, comme les olives, sont éternels sous le soleil de Montepuccio.

Le roman se termine sur cette image forte de la lignée Scorta se perpétuant à travers Anna, portant en elle les histoires, les secrets et la force de ses ancêtres, prête à affronter le monde avec l’appétit insatiable des « mangeurs de soleil ».

📚 Analyse Thématique : Le Soleil des Scorta

« Le Soleil des Scorta » est une fresque familiale puissante, ancrée dans le terroir aride du sud de l’Italie. Plusieurs thèmes majeurs traversent l’œuvre :

  • Le Destin et la Malédiction : La famille Scorta semble marquée dès son origine par une forme de malédiction, née de l’erreur de Luciano et des circonstances tragiques de la naissance de Rocco. Le destin est souvent perçu comme une force implacable contre laquelle il est difficile, voire impossible, de lutter. Rocco tente de transformer cette malédiction de la folie en pauvreté, mais les épreuves continuent de s’abattre sur les générations suivantes. Pourtant, les personnages, comme Carmela ou Elia, font preuve d’une résilience et d’une obstination qui défient parfois ce destin.
  • La Famille et le Clan : Face à un monde hostile et à un destin capricieux, la famille devient un refuge essentiel. Les Scorta se serrent les uns contre les autres, se protégeant et se soutenant malgré les conflits internes et les sacrifices. Le serment de Raffaele au trabucco, demandant de transmettre les histoires, souligne l’importance de la mémoire et de l’héritage familial pour la survie de l’identité du clan. La vision de la famille jouant aux cartes dans le cimetière renforce cette idée d’une union qui transcende la mort.
  • La Terre et le Lieu : Montepuccio n’est pas seulement un décor, c’est un personnage à part entière. La terre est aride, brûlante, mais elle est aussi leur identité. Les Scorta sont profondément liés à leur « caillasses », à ce soleil qui les brûle mais dont ils se nourrissent et qui coule dans leurs veines. Le désir d’échapper à cette terre (le voyage à New York) se solde par un échec, et même la mort les ramène à elle. Le trabucco, le bureau de tabac, les champs d’oliviers deviennent des lieux emblématiques de leur lutte et de leur identité.
  • La Lutte et le Travail (la « Sueur ») : La vie des Scorta est une succession de combats. Qu’il s’agisse de Rocco le brigand, de Carmela gérant le tabac et s’endettant, des frères travaillant aux champs ou à la mer, ou d’Elia reconstruisant son commerce sur les ruines, le travail acharné est au cœur de leur existence. La philosophie de Raffaele, « profiter de la sueur », et la décision d’Elia et Maria d’embrasser cette vie de labeur montrent que le sens et le bonheur se trouvent souvent dans l’effort lui-même, plutôt que dans la richesse ou la tranquillité acquise.
  • Le Secret et la Transmission : Le secret du voyage raté à New York et celui de l’amour de Raffaele pour Carmela montrent que les non-dits façonnent les relations et l’histoire familiale. Pourtant, le désir de transmission est puissant. Les personnages, en particulier les aînés, ressentent le besoin de partager leur expérience et leur savoir, même si cela est difficile ou douloureux. C’est à travers ces paroles échangées (ou non) que la lignée se perpétue et trouve son sens.
  • La Richesse et la Pauvreté : Le rapport à l’argent est ambigu. Rocco amasse une fortune par le crime puis la rejette. Les enfants Scorta luttent contre la misère à laquelle leur père les a condamnés. L’argent de Korni leur permet de lancer le tabac. Elia cherche la richesse pour épouser Maria. Le village de Montepuccio lui-même se transforme en un « sac d’argent ». Pourtant, la richesse matérielle n’apporte pas nécessairement le bonheur ou le sens. La valeur réside davantage dans la lutte, le partage et la fidélité à ses racines.

🌟 Conclusion : L’Éternel Retour sous le Soleil

« Le Soleil des Scorta » est bien plus qu’une simple histoire familiale. C’est un récit épique sur la condition humaine, la confrontation avec le destin, la force des liens du sang et la manière dont les hommes et les femmes trouvent (ou non) leur place dans un monde aride et implacable. À travers les générations, les Scorta vivent, luttent, aiment, souffrent et meurent, mais leur histoire se perpétue, comme les oliviers sous le soleil des Pouilles, ou les olives qui se succèdent à l’infini. Le roman se termine sur une note d’espoir et de continuité, avec Anna embrassant l’héritage familial, promettant que la soif et la force des Scorta ne s’éteindront pas. C’est une œuvre vibrante qui célèbre la vie dans toute sa rudesse et sa beauté.


Prix Goncourt, Roman Tags:Amour, Chaleur, Courage, Destin, Exil, Famille, Fierté, Honneur, Honte, Italie, Liberté, Lignée, Malédiction, Mémoire, Mer, Montepuccio, Mort, Murmures, Origines, Poussière, Puglia, Rédemption, Retour, Scorta, Secret, Soleil, Sueur, Terre, Transmission, Vie

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