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La Puissance de la Joie : Un Voyage Profond vers une Vie Épanouie et Authentique 🌟
Dans un monde où la quête du bonheur semble omniprésente, mais souvent illusoire, « La Puissance de la Joie » de Frédéric Lenoir se présente comme un phare, nous invitant à explorer une émotion plus profonde et plus transformatrice : la joie. Cet ouvrage, bien plus qu’un simple livre de développement personnel, est un véritable cheminement philosophique et spirituel qui s’appuie sur des sagesses millénaires et des penseurs majeurs pour nous guider vers une source de contentement durable. L’auteur, à travers ses réflexions et ses expériences personnelles, nous montre que la joie n’est pas une chimère insaisissable, mais une force vitale qu’il est possible de cultiver et de libérer en nous.
Introduction : À la Quête du « Suprême Désirable » ✨
Existe-t-il une expérience plus désirable que celle de la joie ? L’auteur affirme que nous y aspirons tous, ne serait-ce que pour l’avoir vécue, même fugacement. Que ce soit l’amoureux, le joueur victorieux, l’artiste créateur, ou le chercheur à l’instant de la découverte, tous ressentent cette émotion qui « emporte tout l’être et qui devient, à travers ses mille facettes, le suprême désirable ». La joie, comme le souligne l’ouvrage, est une affirmation de la vie, une manifestation de notre puissance vitale qui nous rend pleinement vivants.
Pourtant, malgré son importance, la joie a été étonnamment peu étudiée par les philosophes, souvent reléguée au rang d’émotion imprévisible et excessive. C’est ce paradoxe que l’auteur souhaite explorer, en s’appuyant sur les apports décisifs des sagesses d’Orient et d’Occident, et en particulier sur des penseurs qui l’ont placée au cœur de leur réflexion, tels que Spinoza, Nietzsche et Bergson. Le livre propose trois grandes voies pour accéder à une joie plus durable : un chemin favorisant son émergence par des attitudes spécifiques, un chemin de libération intérieure (déliaison) pour devenir soi, et un chemin d’amour (reliaison) pour s’accorder au monde.
Plaisir, Bonheur, et la Révélation de la Joie Profonde 🌊
Pour comprendre la joie, l’ouvrage commence par la distinguer des concepts voisins mais distincts de plaisir et de bonheur.
Le Plaisir : L’Éphémère et le Contradictoire 🍹
Le plaisir est l’expérience de satisfaction la plus courante et immédiate. Il naît de l’assouvissement de besoins ou désirs quotidiens : manger, boire, se reposer, rencontrer un ami, contempler un paysage, écouter de la musique. Il est indispensable à la vie, évitant qu’elle ne soit une « interminable corvée ».
Cependant, le plaisir présente des limites majeures. Il est par nature éphémère et lié à une stimulation extérieure qui nécessite un renouvellement constant. De plus, certains plaisirs immédiats peuvent se révéler néfastes à long terme, comme les mets trop gras ou l’abus d’alcool, prouvant qu’ils ne sont pas toujours un bon calcul pour l’existence. La seule recherche du plaisir ne mène donc pas à un état de satisfaction durable.
Le Bonheur : Une Quête Durable de Sagesse 🧘♀️
Face aux écueils du plaisir, la quête du bonheur est apparue, cherchant une satisfaction durable, non limitée dans le temps et indépendante des circonstances extérieures. Les sagesses d’Orient et d’Occident ont exploré cette voie, convergeant sur l’idée qu’il n’y a pas de bonheur sans plaisir, mais qu’il faut apprendre à discerner et modérer nos plaisirs.
Épicure, souvent perçu comme un hédoniste, est en réalité un philosophe de la modération, prônant la qualité plutôt que la quantité des plaisirs. Son idée que « trop de plaisir tue le plaisir » résonne avec la « sobriété heureuse » contemporaine. La prudence (phronesis), chez Épicure et Aristote, est une vertu intellectuelle permettant de juger et de choisir avec justesse ce qui est bon pour nous. Aristote définit la vertu comme un équilibre entre deux extrêmes, conduisant au bonheur par le plaisir et le bien, comme le courage entre la peur et la témérité, ou la tempérance entre l’ascèse et la débauche. En Inde, le Bouddha est également parvenu à la « voie du juste milieu » après avoir expérimenté les extrêmes.
Pour rendre le bonheur durable, les philosophes de l’Antiquité proposent de le dissocier des causes extérieures et de le trouver en soi, atteignant ainsi la sagesse. Être sage, c’est « consentir à la vie et l’aimer comme elle est », se réjouir de ce qu’on a, sans toujours désirer plus. La morale stoïcienne illustre cela par la parabole du chien tiré par un chariot : accepter l’inéluctable plutôt que de lutter vainement. L’idéal de sagesse se résume à l’« autarkeia », l’autonomie, une liberté intérieure qui ne dépend plus des circonstances. Un homme heureux porte son univers en lui et sera heureux partout. L’auteur critique la conception occidentale moderne du bonheur, souvent narcissique et liée à la consommation, qui confond plaisir et bonheur, nous poussant vers des plaisirs sans cesse renouvelés plutôt que vers un bonheur profond et durable.
La Joie : L’Émotion Intense et Communicative 🥳
La joie est un troisième état, une « expérience à la fois mentale et physique intense, en réaction à un événement, et de durée limitée ». Elle est plus intense, globale et profonde qu’un simple plaisir, touchant l’être entier (corps, esprit, cœur, imagination). Souvent déclenchée par un stimulus extérieur (réussite à un examen, victoire sportive, résolution d’un problème, retrouvailles), la joie est bondissante, exubérante, et s’empare du corps. Elle est également très communicative, se partageant avec autrui, même des inconnus. Bien que souvent fugace, la joie apporte une force qui augmente notre puissance d’exister et nous rend pleinement vivants.
Les philosophes de l’Antiquité ont peu exploré la joie en raison de son caractère imprévisible et irrationnel, préférant se concentrer sur le bonheur. Cependant, des penseurs modernes ont su la remettre au centre. Montaigne, par exemple, fait de la joie le critère d’une vie bonne, insistant sur la nécessité de l’étendre et de retrancher la tristesse.
Les Philosophes de la Joie : Leurs Contributions Fondamentales 🧠
L’ouvrage met en lumière trois figures majeures qui ont osé placer la joie au cœur de leur système de pensée, là où beaucoup d’autres l’avaient négligée.
Baruch Spinoza : La Joie comme Perfectionnement de l’Être 💫
Né à Amsterdam en 1632, Baruch Spinoza est un philosophe persécuté pour ses idées critiques envers la religion, excommunié du judaïsme et menacé d’assassinat. Malgré cela, il mène une vie simple de polisseur de verres optiques et développe une œuvre philosophique magistrale, dont l’Éthique, publiée à titre posthume. L’auteur décrit sa découverte de Spinoza comme une « révélation, une jubilation ».
La philosophie éthique de Spinoza est intrinsèquement une philosophie de la joie. Il fonde son éthique sur l’observation de la nature humaine, sans catégories métaphysiques du Bien ou du Mal. Spinoza constate que « chaque chose, selon sa puissance d’être, s’efforce de persévérer dans son être ». Cet « effort » (ou conatus) est une loi universelle de la vie qui vise à accroître la puissance vitale.
La joie, pour Spinoza, est le « passage de l’homme d’une moindre à une plus grande perfection ». Chaque fois que nous grandissons, progressons, remportons une victoire, nous sommes dans la joie. Des exemples concrets l’illustrent : les premiers pas d’un enfant, la réussite à un examen, la guérison d’une maladie, une rencontre qui nous fait grandir.
Spinoza distingue les joies passives des joies actives :
- Les joies passives sont celles dont nous ne sommes que la cause partielle, souvent fruits de notre imaginaire ou d’idées inadéquates (ex: idéalisation d’un amour, identification collective à une nation dans le sport). Elles peuvent être intenses mais sont souvent éphémères et peuvent vite se convertir en tristesse ou être manipulées.
- Les joies actives sont celles dont nous sommes la cause suffisante, fondées sur des pensées vraies et une connaissance adéquate. Elles sont infiniment plus vraies, profondes et durables. C’est le cas des relations amoureuses qui nous aident à grandir.
Au plus haut niveau de cette échelle, Spinoza place la béatitude, ou la joie permanente, atteinte quand on se libère de la servitude des passions grâce à la raison et l’intuition. C’est un travail individuel de discernement pour réorienter nos désirs vers les joies les plus actives et vraies. Spinoza est ainsi le premier grand philosophe à donner une véritable définition philosophique de la joie : l’augmentation de la puissance d’exister.
Friedrich Nietzsche : L’Affirmation de la Vie et l’Amor Fati 🔥
Plus de deux siècles après Spinoza, Friedrich Nietzsche place également la joie au cœur de sa pensée, la considérant comme un critère éthique fondamental validant l’action humaine. Comme Spinoza, il adopte une vision immanente : la joie ne vient pas d’ailleurs, elle est « inscrite au cœur même du vivant » et est une puissance de vie à laquelle il faut s’appuyer.
Nietzsche critique férocement les « théologies de la tristesse » qui répriment les instincts et désirs, éteignant toute joie. Il propose de favoriser le « désir-effort » qui fait grandir la vie en nous. Pour lui, la joie est l’augmentation de notre force vitale, l’affirmation de la vie contre la mort.
La joie se cultive par un travail sur soi, une introspection non pour réprimer mais pour affirmer ce qui nous épanouit. La joie parfaite (Lust) s’atteint par un consentement total à la vie, un « oui » inconditionnel, y compris à sa part négative et douloureuse. C’est ce qu’il nomme l’amor fati, l’« amour du destin ». L’idée de l’« éternel retour du même » est le test de ce consentement : accepter de revivre sa vie à l’identique, avec toutes ses souffrances, sans regret. L’apport le plus original de Nietzsche est d’intégrer la souffrance à la joie. Il insiste également sur le lien entre l’art et la joie, voyant l’acte créatif comme une expérience privilégiée de la joie et la vie comme une œuvre d’art.
Henri Bergson : La Joie comme Signe de la Création 💡
Henri Bergson, philosophe français, est aussi un « philosophe de la vie » ou « du vivant ». Il prolonge l’idée de Spinoza et Nietzsche en affirmant la puissance vitale et sa manifestation : la joie. Pour Bergson, « La nature nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie ».
Dans son œuvre L’Évolution créatrice, Bergson défend l’idée d’une loi fondamentale de la vie : la création. La vie existe pour être créatrice, et la joie est intrinsèquement liée à la création et à son aboutissement. Lorsque la vie réussit, elle s’accompagne de joie ; quand elle échoue, de tristesse. Il donne des exemples d’actes créateurs comme l’artiste, le chef d’entreprise, ou la mère donnant naissance, où la joie ne vient pas seulement du résultat (le profit, le sourire de l’enfant) mais du fait d’avoir créé.
Bergson est cependant plus critique que Spinoza envers les joies passives (liées à l’imagination), les considérant comme de simples plaisirs, tandis que la joie est liée à la conquête de la vie. Le plaisir, pour lui, n’est qu’un artifice pour la conservation de la vie, tandis que la joie annonce que « la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire ».
Cultiver la Joie au Quotidien : Des Voies Pratiques 🌿
La joie ne se commande pas, mais elle s’invite lorsque certaines conditions sont réunies. Il est possible de créer un « climat favorable » pour son émergence et son épanouissement. L’auteur propose plusieurs attitudes et manières d’être pour cela.
L’Attention et la Présence : S’Ancrer dans l’Ici et Maintenant 🧘
L’attention nous relie à nos sens, nous permettant de ne pas être accaparés par les tracas mentaux. La joie est souvent déclenchée par une expérience sensorielle vécue pleinement, en étant dans l’ici et le maintenant. L’auteur partage son parcours personnel pour reconnecter ses émotions et perceptions sensorielles, notamment via la méthode Vittoz et la Gestalt-thérapie, soulignant l’importance d’accepter aussi les émotions négatives.
La présence va au-delà de la simple attention, engageant tout notre être : sens, cœur, esprit. Il s’agit d’accueillir le réel, le monde, autrui avec générosité. L’important n’est pas la quantité des expériences, mais la qualité de présence dans chacune de nos actions. L’auteur en témoigne par ses voyages, où il préfère vivre l’instant sans se soucier de prendre des photos, et en insistant sur l’importance de parler aux habitants d’un pays. Le manque de présence peut avoir des conséquences dévastatrices, comme observé dans les orphelinats roumains ou la léproserie de Calcutta, où un simple geste de présence et d’amour pouvait apporter une joie profonde aux mourants.
La Méditation : Un Exercice de Pleine Attention 🧠
La méditation est un outil puissant pour développer l’attention et la présence. L’auteur s’est initié au bouddhisme tibétain en Inde. La pratique simple de s’asseoir, de respirer, de faire silence intérieur et d’observer sans s’attacher aux pensées permet de développer une qualité d’attention et de présence généreuse. La méditation dite de « pleine conscience », très répandue en Occident, aide à se connecter aux sensations et à se stabiliser. Elle peut faire émerger des « joies sans cause », liées au simple fait d’être là, d’exister, dans une totale disponibilité, se manifestant par un sourire et une respiration profonde.
La Confiance et l’Ouverture du Cœur : Embrasser la Vulnérabilité ❤️🩹
Ouvrir son cœur, c’est accepter une certaine vulnérabilité, le risque d’être blessé, pour vivre pleinement. Un cœur fermé se protège, mais se prive aussi des joies profondes de l’amour. L’auteur encourage à ne pas se fermer aux inconnus, car cela peut mener à des rencontres merveilleuses. La confiance en la vie, acquise dès l’enfance, est essentielle pour progresser et ressentir la joie. Il faut apprendre à surmonter ses peurs et soigner ses blessures pour retrouver cette confiance. La joie se déploie au grand jour, au hasard de l’autre, mais un discernement reste nécessaire pour éviter ce qui est nocif.
La Bienveillance et la Gratuité : Le Don de Soi et la Joie Partagée 🎁
La bienveillance (maitri), dans le bouddhisme, est un amour altruiste qui consiste à se réjouir du bonheur de l’autre. C’est un puissant remède contre l’envie et la comparaison qui sécrètent du malheur.
La gratuité est une voie essentielle à la joie dans nos sociétés utilitaires où tout est motivé par un gain. La course à la performance et le manque de temps réduisent la joie. La joie survient souvent quand on n’attend rien. L’auteur en donne l’exemple avec ses conférences gratuites dans de petites associations ou librairies, qui sont des moments de « joie communicative, presque palpable ». Il relate également sa décision de simplifier sa vie matérielle et professionnelle pour retrouver du temps libre et la joie de vivre.
La gratitude est une pratique quotidienne pour cultiver la joie. L’auteur remercie chaque jour pour ce qu’il a reçu : ses parents, sa santé, ses amis, son travail d’écrivain. Il a appris à inverser la tendance de la mémoire à retenir le négatif en se remémorant cinq événements positifs avant de s’endormir. La gratitude, c’est aussi savoir rendre ce que la vie nous a donné, en transmettant le savoir par exemple, ce qui est une source de joie profonde.
La Persévérance dans l’Effort : La Joie de l’Accomplissement 💪
Les grandes joies créatives sont toujours le fruit d’un effort. L’effort est douloureux, mais il est précieux car il permet de se « haussé[r] au-dessus de soi-même ». L’auteur cite l’achèvement de sa thèse de doctorat et l’apprentissage intensif de l’anglais pour une tournée de promotion comme exemples de joies intenses nées de la persévérance.
Le Lâcher-Prise et le Consentement : Accepter le Flux de la Vie 🌊
L’obsession de tout contrôler, d’analyser le passé et de maîtriser le futur, nous éloigne de la joie. Le lâcher-prise consiste à accepter ce que l’on ne peut modifier, plutôt que de réagir avec colère ou regret. Ce n’est pas du fatalisme, mais une prise de distance, une acceptation de la vie. L’auteur raconte comment un incident avec sa voiture, loin de le plonger dans la tristesse, l’a envahi d’une joie puissante au moment où il a lâché prise, l’amenant à simplifier sa vie.
Cette attitude d’ouverture du cœur et de disponibilité d’esprit est propice à la joie. Elle est au cœur de la philosophie taoïste, qui, à l’inverse du confucianisme, embrasse le chaos et l’incertitude de la vie terrestre. Le grand penseur taoïste Tchouang-tseu illustre cela par l’exemple du nageur qui, face à un courant impétueux, ne doit pas lutter mais épouser le flot pour traverser le fleuve. Cette idée est comparée à la « sortie de baïne » des maîtres nageurs, où se laisser porter par le courant est le seul moyen de se sauver. La pensée taoïste est une philosophie de l’opportunité : le « non-agir » n’est pas l’inaction, mais l’action en harmonie avec le mouvement de la vie, sachant parfois attendre que le courant redevienne favorable. Cela peut même nous faire réaliser que nos objectifs initiaux n’étaient pas les bons. Le consentement aux petites contrariétés quotidiennes peut aussi faire émerger du positif et de la joie.
La Jouissance du Corps : Harmonie et Puissance Vitale 🤸
Le corps est une porte d’accès fondamentale à la joie. La joie émane de l’harmonie, de l’équilibre, de la puissance et de la souplesse du corps, lorsqu’il est en symbiose avec le cœur et l’esprit. L’auteur a particulièrement développé cette sensation à travers les arts martiaux, ressentant la joie de vivre et la puissance d’exister dans la vitesse et la précision des mouvements. Cela se retrouve aussi dans la nage, la course, la danse, ou même la marche consciente.
La sexualité est également une expérience de joie intense et profonde, décuplée lorsque le cœur vibre à l’unisson avec le partenaire, permettant au moi de se dilater et à l’ego d’exploser, reliant les êtres à l’univers. Il est donc capital de prendre soin de son corps par une nutrition saine, un bon sommeil et l’exercice physique, car cela est « une condition essentielle à l’éclosion de la joie ».
Devenir Soi et S’Accorder au Monde : Les Deux Chemins vers la Joie Parfaite 🤝
Les joies évoquées jusqu’à présent, bien qu’intenses, restent souvent éphémères. L’ouvrage explore la possibilité d’un « état de joie » plus constant, voire permanent, non pas une joie exubérante, mais une joie douce et profonde, en permanence vibrante avec le mouvement de la vie. L’auteur propose deux chemins complémentaires pour y parvenir : le chemin de libération (vers soi) et le chemin de communion (vers les autres et le monde).
Le Processus d’Individuation : Se Libérer des Liens Qui Étouffent 🦋
Le premier chemin vers une joie active et permanente est d’aller vers soi pour devenir pleinement soi-même. Cela commence par l’introspection, pour reconnaître ce qui, en nous, nous a été imposé de l’extérieur par l’éducation et la culture, et qui nous rend triste. Le chemin de « déliaison » consiste à se débarrasser de ces liens encombrants.
Ce processus est appelé « processus d’individuation » par Carl Gustav Jung. Il implique de prendre conscience de ce qui ne nous convient pas et, simultanément, de ce que nous sommes vraiment, de nos aspirations profondes et de notre nature singulière. Aristote avait déjà pressenti l’existence d’une nature particulière en chaque être, et que le bonheur consistait à se réaliser selon cette nature. L’injonction socratique « Connais-toi toi-même » est essentielle ici.
Le discernement, affiné par l’observation lucide de soi, permet de comprendre ce qui nous met en joie et ce qui nous rend triste, évitant de s’épuiser à ne pas être soi-même ou à vouloir plaire aux autres. L’auteur partage son expérience personnelle de libération du besoin d’approbation paternelle et sociale, grâce à une psychanalyse et une Gestalt-thérapie, qui lui ont permis de dire « non » et de s’affranchir du regard des autres, menant à une joie intense et profonde.
La Libération Intérieure selon Spinoza : Dépasser les Passions 🔓
La libération de notre conditionnement intérieur – nos affects, émotions, pulsions, désirs et croyances – est cruciale pour gagner en liberté et en joie. Spinoza, grand penseur occidental de la liberté intérieure, enseigne que l’être humain ne naît pas libre, mais le devient par un effort rationnel de connaissance des causes de ses affects et idées. La plus grande servitude est celle à l’égard de nos propres passions.
Le conatus, chez l’être humain, se manifeste comme le désir, l’« essence même de l’homme ». La servitude vient d’une mauvaise orientation de nos désirs. Le processus de libération ne consiste pas à réprimer les désirs, mais à les réorienter vers des objets qui augmentent notre puissance d’exister. Spinoza ne croit pas à la seule force de la volonté, ni à l’opposition entre rationalité et affectivité. Le mal réside dans la passivité de l’affectivité, qu’il faut convertir en activité grâce au discernement rationnel. La raison suscite un nouveau désir, plus fort et meilleur. En se libérant des causes extérieures, nos affects deviennent actifs, et nous accédons à la joie active et à la béatitude. La tristesse du désir insatisfait est le point de départ de la quête de sagesse, et la joie du désir comblé en est l’aboutissement.
L’auteur fait un parallèle entre la pensée de Spinoza et l’enseignement de Jésus, qui ne condamne pas mais aide à réorienter le désir, considérant le « péché » comme le fait de « manquer sa cible ». L’histoire de Zachée illustre comment l’amour du Christ éveille le désir d’être meilleur. Jésus, comme Spinoza, est un « maître du désir », et son enseignement mène à la joie : « Je vous donne ma joie pour que votre joie soit complète ». Cette recherche éthique individuelle du « utile propre » conduit au bien commun, car en surmontant ses passions, l’individu ne nuit plus à autrui, vainquant égoïsme, jalousie, envie, etc.. La véritable révolution est intérieure.
S’Accorder au Monde : Le Chemin de Reliaison et de Communion 🌍
Le second chemin vers la joie durable est un chemin d’amour, de communion, de « reliaison » avec les autres et le monde. Il s’agit de recréer des liens justes et vrais qui nous font grandir.
- L’Amour d’Amitié (Philia) : Aristote utilise le terme philia pour désigner l’amour et l’amitié, qu’il considère comme « ce qu’il y a de plus nécessaire pour vivre ». La philia est un amour profond, fondé sur la réciprocité, où l’on s’encourage mutuellement à s’épanouir et à partager la joie. L’exemple célèbre de Montaigne et La Boétie illustre cette amitié où les âmes se mêlent et se confondent. L’auteur souligne que la philia demande gratuité et réciprocité, et n’est pas utilitariste.
- De la Passion Amoureuse à l’Amour qui Libère : L’amour-passion, souvent fondé sur l’illusion et les projections, est porteur de déceptions et éphémère. Selon Spinoza, si l’amour est une joie passive, liée à l’imaginaire, il peut se transformer en tristesse, voire en haine. L’auteur témoigne de l’épuisement causé par de telles relations. Le véritable amour se reconnaît à la joie qu’il éveille, au désir de voir l’autre grandir et être autonome. Il est non-possessif, ne retient pas, mais libère. Khalil Gibran, dans Le Prophète, l’illustre par l’image des piliers du temple qui se dressent séparés. Cette forme d’amour est l’inverse de la perversion narcissique. L’auteur défend une vision de l’amour où l’on se réjouit du jardin secret de l’autre et où l’on pratique un détachement non indifférent, basé sur une sécurité intérieure. Si une relation ne procure plus de joie ou génère de la tristesse, un discernement est nécessaire pour la transformer ou en changer.
- La Joie du Don (Agapê) : Il existe un amour inconditionnel, sans attente de retour, appelé agapê dans le Nouveau Testament. Jésus affirmait : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Cette joie du don est l’une des plus pures et s’accroît lorsqu’elle est partagée.
- Aimer la Nature et les Animaux : L’Harmonie Cosmique 🌳🐾 : L’amour et la communion ne se limitent pas aux relations interpersonnelles, mais s’étendent à la nature et au cosmos. S’accorder au monde, c’est vivre en résonance avec notre environnement, refuser de le détruire et entretenir des relations respectueuses avec tous les êtres sensibles. La contemplation de la beauté, que ce soit une œuvre d’art ou la nature, nous relie à ce qui nous dépasse. L’auteur partage son expérience d’enfance où la contemplation des faisans l’a empêché de chasser, et critique la cruauté envers les animaux (corrida, élevage industriel) comme des « passions tristes ». La contemplation de la nature permet d’approcher le sacré.
La Joie Parfaite : La Transcendance du Moi et l’Éternité du Présent 🌌
La recherche de la joie permanente culmine dans l’expérience de la joie parfaite, qui n’est plus liée à une cause extérieure et que rien ne peut tarir.
L’Ego et le Mental : Les Filtres de la Réalité 🎭
L’anecdote de François d’Assise et la « joie parfaite » illustre que celle-ci advient lorsque l’ego est le plus maltraité et que l’on abandonne la colère, la tristesse, le ressentiment, cessant de s’identifier à l’individu.
La philosophie hindoue et la psychologie contemporaine (Swami Prajnanpad) mettent en lumière le fonctionnement de l’esprit humain autour de deux instances : l’ego et le mental.
- L’ego est notre système d’attirances et de répulsions, fonctionnant sur le plaisir/déplaisir, essentiel à la survie et à la construction de la personnalité.
- Le mental est le logiciel de la pensée qui rationnalise et justifie les événements, même absurdes, pour nous permettre de survivre et de grandir.
Ces deux instances, bien que vitales pour notre survie et croissance, établissent un filtre entre nous et le réel, nous privant de pans entiers de la réalité et des plus grandes joies. Retrouver l’accès aux joies actives spinozistes implique de lâcher, dépasser et transcender l’ego, et d’abandonner la boussole du mental. Cela ne signifie pas que l’ego et le mental cessent d’exister, mais qu’ils ne sont plus aux commandes. La raison et l’intuition prennent le pas, nous permettant de nous connecter à un « Soi » plus profond, une identité relevant de notre esprit, au-delà de notre ego construit. Le processus d’individuation conduit à une « dépossession de soi », un passage du moi au Soi.
L’Expérience de l’Éveil et la Béatitude Spinoziste 🌟
Le Bouddha décrit l’expérience de l’Éveil comme une prise de conscience de l’illusion de l’ego. De même, Spinoza évoque à la fin de son Éthique l’accès à un troisième genre de connaissance : l’intuition. Cette connaissance intuitive permet de saisir la relation entre le fini et l’infini, entre notre cosmos intime et le grand cosmos, et est source de la plus grande joie : « Notre souverain bien et notre Béatitude reviennent à la connaissance et à l’amour de Dieu » (identifié à la Nature/Substance infinie). C’est une mystique de l’immanence, non-dualiste (monisme), où tout est en Dieu et Dieu est en tout, similaire à la métaphysique védique hindoue. Le sage, libéré de l’ego, atteint la « béatitude éternelle ». Plotin, philosophe platonicien, décrivait une « extase pure » par la contemplation de l’Un en se détachant des passions.
La Joie du Don et de la Contemplation : L’Explosion de l’Ego 🌠
Les chemins de l’amour, de la communion, de la contemplation et du don ont en commun de faire s’oublier l’individu, de cesser de penser à soi, faisant exploser les frontières du moi restreint pour s’ouvrir à une dimension universelle, divine. Les mystiques, même issus de traditions dualistes, décrivent des expériences extatiques non dualistes où l’ego est dissous (ex: Saint Paul, Al Hallaj). Romain Rolland parle d’un « sentiment océanique » d’unité avec l’univers.
Bergson confirme que les plus grandes joies sont celles des mystiques, lorsque leur volonté coïncide avec celle du divin, et qu’ils se laissent saisir par l’élan créateur de la vie. Arthur Schopenhauer, bien que pessimiste, a écrit sur la joie pure que procure l’art, en particulier la musique, capable de nous sortir de notre ego et de nous élargir à l’universel. Nietzsche évoque l’extase dionysiaque de la musique où nous goûtons le bonheur de vivre en tant que « substance vivante, une, confondus dans sa joie créatrice ».
Le travail de libération intérieure et de juste communion permet ainsi à la connaissance rationnelle et intuitive de remplacer les opinions du mental, nous reliant aux autres, au monde, à l’univers, au divin, et conduisant à une joie infiniment plus grande que toutes celles connues auparavant.
Un Chemin Progressif vers la Joie de Vivre Retrouvée 🌱
Ce chemin vers la joie parfaite n’est pas un basculement instantané, mais un cheminement progressif. La joie parfaite est une grâce qui accompagne tout au long du chemin de liberté et d’amour. L’Éveil est une expérience graduelle où l’on cesse progressivement de s’identifier à l’ego, apprend à écarter le mental, et à établir des relations plus justes, chaque pas avant ouvrant davantage le cœur et la puissance de la joie.
L’auteur partage son propre parcours, riche en joies absolues et en souffrances intérieures, notamment son expérience monastique. Il a ressenti une « joie pure » de ne plus s’appartenir en décidant de donner sa vie au Christ. Cependant, il a aussi traversé une crise psychique profonde, liée à un ego mal structuré et à un besoin inconscient de reconnaissance, qui le poussait à une quête spirituelle « héroïque ». Cette prise de conscience l’a mené à quitter le monastère et à entreprendre un travail thérapeutique pour se restructurer et se libérer du regard d’autrui.
Il insiste sur l’importance de ne pas vouloir « tuer » l’ego, mais plutôt de le « lâcher » ou le « dépasser » une fois qu’il est bien structuré. Tenter d’éradiquer l’ego sans une base solide peut mener à des illusions spirituelles, voire à la folie. Une vie spirituelle saine nécessite un travail psychologique et une connaissance lucide de soi. La joie profonde qui l’habite désormais est le fruit de ce long travail de libération, de communion, de lâcher-prise et de consentement à la vie.
La Joie de Vivre : Un Don Originel à Célébrer 🎉
Clément Rosset affirme que « toute joie parfaite consiste en la joie de vivre et en elle seule ». La joie de vivre originelle de l’enfance est la joie parfaite que le sage ou le saint retrouve, mais cette fois active et consciente, rendue indélébile.
L’Enfant, Modèle de Joie Spontanée 🧒
L’œuvre d’Émile Zola, La Joie de vivre, met en scène Pauline, une héroïne qui incarne cette « vie acceptée, la vie aimée dans ses fonctions », dont la joie est communicative malgré les difficultés. Cette joie immédiate, naturelle et spontanée, est observée chez les enfants dont l’ego et le mental ne sont pas encore fortement constitués. Ils ont encore accès à leur intuition, à leur Soi, et vivent dans la spontanéité, la liberté et la joie pure. Les maîtres taoïstes et Jésus reconnaissent cette sagesse de l’enfance. L’auteur a remarqué que les sages qu’il a rencontrés, comme le Dalaï-Lama ou de vieux moines, respiraient cette joie enfantine et riaient pour un rien, acceptant leur fragilité et leur besoin d’aide. Son propre père, en acceptant sa vulnérabilité à un âge avancé, a retrouvé sérénité et joie.
La Simplicité, Clé de la Joie de Vivre 🏞️
La joie de vivre n’est pas réservée aux enfants ou aux sages. L’auteur l’a observée chez des paysans travaillant dur ou des habitants de villages extrêmement pauvres en Inde et en Afrique, qui, malgré leur dénuement, étaient constamment joyeux. Il l’a vécue dans une léproserie au Bengale, où la joie émanait de partout, même chez des personnes gravement atteintes. Cela témoigne que la joie de vivre n’a d’autre cause que le simple fait d’exister, indépendamment du confort, du succès ou même de la santé.
Dostoïevski, dans Les Possédés, écrit : « L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ce n’est que cela. C’est tout, c’est tout ! Celui qui saura qu’il est heureux le deviendra tout de suite, à l’instant même ». Nos sociétés modernes, obsédées par la recherche du bonheur extérieur et la consommation, nous font perdre le goût d’être simplement heureux dans le quotidien. La reconquête de la joie de vivre passe par un effort conscient pour gagner en liberté intérieure et recréer du lien. La joie originelle de l’enfance vit encore en nous, mais elle est étouffée par les « rochers » de l’ego et du mental. Le cheminement vers soi et les autres consiste à lever ces obstacles pour retrouver cette joie simple et pure.
Le Consentement : Un « Oui Sacré » à la Vie 🙏
Clément Rosset souligne le « paradoxe de la joie » : bien que la vie soit difficile et pleine de souffrances, le simple fait de vivre nous met en joie. Face au mal, à la douleur, nous pouvons choisir d’accueillir la joie ou de la refuser. La joie accompagne l’« amour du destin » (amor fati), l’acceptation profonde de ce que nous ne pouvons changer. Notre conscience du bonheur vient de notre connaissance du malheur, et la plupart de nos joies viennent de tristesses dépassées.
Khalil Gibran explique que « Votre joie est votre tristesse sans masque. Et le même puits d’où jaillit votre rire a souvent été rempli de vos larmes ». Plus l’entaille de la tristesse est profonde, plus grande est la joie que l’on peut abriter. Nietzsche confirme que bonheur et malheur grandissent ensemble. Les larmes de joie sont l’ultime trace d’une tristesse surmontée.
Le « oui sacré » au consentement, comme le décrit Nietzsche, signifie qu’en disant oui à un seul instant de joie, nous disons oui à l’existence entière, créant un ordre dans le chaos apparent. Ce consentement fabrique de la liberté à partir de ce qui est subi, gonflant la volonté humaine aux dimensions du réel. Toute joie de vivre, même passagère, a un « accent cosmique ».
Conclusion : La Sagesse de la Joie, Une Réponse Moderne et Épanouissante 🕊️
L’auteur défend l’idée que la sagesse, loin d’être un idéal inaccessible ou dépassé, reste un objectif fondamental de la philosophie. Il critique la philosophie contemporaine qui, au nom d’une critique justifiée du bonheur factice et consumériste, rejette toute quête de bonheur ou de joie profonde.
Spinoza est présenté comme le modèle du philosophe moderne qui a su utiliser la raison pour atteindre une « béatitude » globale et durable, prouvant que la philosophie peut mener au bonheur. Il était moderne par son audace, sa lucidité, sa compréhension de l’inconscient, et sa vision de la liberté complète, à la fois politique et intérieure. Il était même postmoderne en affirmant que la raison seule ne suffit pas au bonheur, ayant besoin du soutien de l’intuition et de la force du désir.
L’auteur distingue deux grandes quêtes de sagesse :
- Celle de l’ataraxie (absence de trouble, sérénité), prônée par les épicuriens, les stoïciens ou le bouddhisme, qui implique souvent une vie ascétique et la force de la volonté.
- Celle de la joie parfaite, adoptée par les taoïstes, Jésus, Montaigne, et Spinoza, qui vise moins la répression des passions que leur conversion et un détachement permettant une vie joyeuse dans le monde. Elle mise davantage sur la puissance du désir et de la joie que sur la volonté.
L’auteur a choisi cette seconde voie, la « sagesse de la joie », car elle est plus humaine, plus adaptée à nos vies modernes, et repose sur la lucidité, la connaissance de soi, la conversion du désir, le détachement, la souplesse, le lâcher-prise et l’engagement social. Cette sagesse n’évite pas la souffrance, mais l’assume comme corollaire de l’intensité d’une vie affective et désirante. L’amour véritable, même face à la perte, ne faiblit pas et sa joie demeure éternelle. L’expérience personnelle de l’auteur face au deuil confirme que l’amour vrai persiste et que la joie finit par l’emporter sur le chagrin.
Enfin, la sagesse de la joie ne se contente pas d’une réponse théorique au mal, mais offre une réponse pratique : un engagement actif dans le monde, par compassion et entraide. Elle rend plus ouvert, audacieux, courageux, tolérant, et soucieux d’autrui. La joie peut exister même au cœur de l’horreur, comme en témoignent des rescapés de camps (Etty Hillesum). Pour l’auteur, c’est un devoir d’être dans la joie, même face à de telles tragédies, pour empêcher leur répétition.
En refusant la violence, en soutenant les personnes en détresse, en accueillant les étrangers, en protégeant l’environnement, nous contribuons à la construction d’un monde meilleur. Ce mouvement, comme le « Colibri » de Pierre Rabhi, invite chacun à « faire notre part » pour transformer le monde en convertissant nos passions en actions, et passer des joies passives aux joies actives salvatrices. C’est cette sagesse de la joie, inspirée de Spinoza et des Évangiles, que l’auteur s’efforce de vivre et de transmettre.