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Décryptage de la « Macronie » : Une Plongée au Cœur du Pouvoir 🇫🇷
Introduction : La « Macronie », un Phénomène Politique sous la Loupe 🧐
L’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en mai 2017 a marqué un tournant inédit dans l’histoire de la Ve République, bouleversant l’échiquier politique français établi depuis près de soixante ans. Un nouveau mouvement, La République en marche, a propulsé son candidat à l’Élysée et remporté une majorité absolue à l’Assemblée nationale, réalisant un « arasement brutal et ébouriffant » du paysage politique. Quinze mois après cette victoire fulgurante, l’édifice de la Macronie a commencé à montrer des signes de faiblesse, ébranlé par des « craquements » internes, notamment les affaires Alexandre Benalla, la démission de Nicolas Hulot et les critiques de Gérard Collomb.
Cet article propose un résumé et une analyse approfondie de l’ouvrage qui dissèque cette nouvelle gouvernance. Il s’intéresse aux mécanismes de prise de décision, à la communication présidentielle et aux figures clés qui composent l’entourage d’Emmanuel Macron, offrant un éclairage essentiel sur les rouages et les défis de cette ère politique singulière.
1. Présider, Gouverner : Les Piliers de la Macronie 🏛️
La Macronie s’est construite sur des principes de gouvernance qui se voulaient en rupture avec le « vieux monde politique ». Pourtant, elle a rapidement rencontré des défis similaires à ceux de ses prédécesseurs.
1.1. Le Secret et la Défiance : Les Mots d’Ordre de l’Élysée 🤫
Dès son arrivée à l’Élysée, Emmanuel Macron a cherché à restaurer la verticalité du pouvoir et une part de mystère, estimant que ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avaient dévalorisé la fonction présidentielle. Le « goût du secret et la défiance » sont deux particularités majeures de la Macronie. Les proches collaborateurs du président s’illustrent par un « mutisme obstiné », rapidement qualifié de « verrouillage » par la presse. Sibeth Ndiaye, alors conseillère presse, reconnaissait que les gens autour de Macron ont « deux caractéristiques : la discipline et la volonté de ne pas apparaître dans la lumière, d’être très secrets ».
Ces jeunes collaborateurs, souvent des trentenaires et quadragénaires surnommés les « mormons », sont pour beaucoup issus de la mouvance de Dominique Strauss-Kahn et ont rompu avec la gauche socialiste par déception, trouvant en Macron un mentor et en En marche ! une opportunité de supplanter le PS. Leur loyauté est sans faille et leur ambition est de réussir pour le président, ce qui représente une force considérable pour Macron. Ils adhèrent aux principes de discrétion, comme en témoignent Ismaël Emelien, Julien Denormandie ou Stéphane Séjourné, qui évitent les journalistes et ne parlent qu’avec une grande pudeur de leurs relations avec le président.
La méfiance de Macron envers la presse est palpable. Il estime que les journalistes de politique intérieure sont toujours à la recherche de la « petite phrase » et ne sont « pas au niveau ». Des initiatives comme l’exclusion des journalistes de la cour de l’Élysée après le Conseil des ministres ou la restriction des journalistes accompagnant les déplacements présidentiels ont suscité un « tollé légitime ». Macron aurait même qualifié les journalistes de « toxicos qu’on sèvre brutalement ». L’« affaire Ferrand », où Richard Ferrand a été accusé d’avoir fait bénéficier sa compagne d’un montage immobilier avantageux, n’a fait que renforcer cette méfiance, le président y voyant une attaque de la presse pour le fragiliser. Les « consignes de verrouillage » descendent de l’Élysée à Matignon et aux ministères, avec une obsession de « tout contrôler ».
1.2. La Gouvernance sans Entraves : Un Exercice du Pouvoir Concentré 🔗
La verticalité du pouvoir revendiquée par Macron se manifeste chaque semaine, notamment lors des déjeuners du lundi à 13h à l’Élysée, réunissant Emmanuel Macron, Édouard Philippe, Alexis Kohler (secrétaire général de la présidence) et Benoît Ribadeau-Dumas (directeur de cabinet du Premier ministre). Ce « huis clos » de quatre « quadras » et « énarques » est le lieu des « ultimes arbitrages de la politique gouvernementale ». C’est là que se décident les grandes orientations, symbolisant la subordination totale de Matignon à l’Élysée.
Le processus décisionnel est rigoureux : les dossiers sont préparés par Kohler et Ribadeau-Dumas en amont, avec des notes communes aux deux maisons, et Macron a toujours le dernier mot. Cette organisation, conçue par Macron et Kohler durant la campagne, assure une « coconstruction » et une « imbrication » des services pour éviter tout flottement ou tiraillement au sommet de l’État, avec une dizaine de conseillers communs aux deux institutions.
Les dîners du lundi soir à l’Élysée constituent une « Cène républicaine » informelle, rassemblant les fidèles et des convertis plus récents autour du président, où chacun peut exprimer librement son opinion. Macron écoute, prend des notes, mais ne dévoile jamais sa décision, se nourrissant des échanges sans y prendre la sienne.
Un rythme de travail « effréné » est imposé aux ministres et leurs cabinets, avec des effectifs réduits de moitié, entraînant un surcroît de travail pour les conseillers. Cette situation renforce le poids de la technocratie, notamment celle de Bercy, jugée « surpuissante » et encouragée par l’arrivée de Macron, ancien inspecteur des finances. Des personnalités comme Jacques Mézard ont dénoncé cette « concentration des pouvoirs entre les mains de ce qui est perçu, à tort ou à raison, comme une technocratie ».
Les corps intermédiaires (syndicats, associations d’élus) sont négligés, considérés comme des obstacles à l’application rapide du programme de réformes. Le parti La République en marche lui-même est conçu comme une structure « soumise », insensible à la contestation interne, pour éviter toute « fronde ». Sa direction et ses « référents » en province sont nommés par le QG parisien, c’est-à-dire par Stéphane Séjourné, afin de garantir leur fiabilité politique et d’assurer un « centralisme démocratique.com ».
L’affaire Alexandre Benalla, éclatant à l’été 2018, a révélé les « graves dysfonctionnements à l’Élysée » et l’opacité d’une gouvernance qui « a préféré laver son linge sale en famille ». Cette affaire a écorné l’image d’une présidence « impérieuse » et « maîtrisée ».
1.3. La Hantise d’une Fronde : Le Défi de la Majorité Parlementaire 🗣️
Macron s’était montré très clair avant les législatives de 2017 : « Aucun candidat investi ne pourra[it] exprimer de désaccord avec le cœur de notre projet ». La hantise des « frondeurs socialistes » sous le quinquennat Hollande planait sur l’Élysée. Cependant, gérer une « armada de 310 députés En marche ! » constituait un défi, leur force (fraîcheur, diversité) étant aussi leur talon d’Achille (inexpérience, soif du débat).
Richard Ferrand, homme de confiance, a été nommé à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée pour encadrer ces troupes, malgré les critiques liées à son affaire personnelle. L’Élysée exerçait un contrôle strict, envoyant des « instructions fermes par textos, mails, messagerie Telegram » aux parlementaires, même pendant leurs vacances. Les jeunes députés ont découvert la rudesse de la vie politique, les menaces, les longues nuits à l’hémicycle, et les difficultés à concilier mandat et vie personnelle, certains remettant en question la « folklore » des séances de nuit.
Bien que le groupe utilise Telegram pour coordonner la parole, l’émergence de « sensibilités » internes a créé des « remous », notamment sur la loi asile-immigration, où des abstentions et un vote contre ont marqué une première dissidence. Macron a tenté de calmer le jeu avec une « câlinothérapie » en recevant les parlementaires à l’Élysée, mais le malaise persistait. Les interventions de l’Élysée et Matignon pour influencer l’élection de Richard Ferrand à la présidence de l’Assemblée ont montré une « tambouille politicienne digne des autres partis ». Le souhait d’émancipation des députés face à une gouvernance jugée trop « technocratique et hors-sol » était palpable.
1.4. La Béquille de la Communication : Entre Majesté et Provocation 🗣️
Macron visait initialement à réintroduire de la majesté dans la parole présidentielle, rompant avec le « président normal » de Hollande et le « bling-bling » de Sarkozy. Il voulait maîtriser totalement le rythme de ses interventions, rares et solennelles, tel « Jupiter dans les pas du Sphinx Mitterrand ».
Cependant, à l’ère des réseaux sociaux et des chaînes d’infos en continu, ce pari s’est avéré « impossible à tenir ». Le président a été omniprésent médiatiquement en 2017, provoquant une « indigestion d’images ». Ses déclarations parfois jugées arrogantes, comme « une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien », ont prolongé sa présence médiatique mais aussi alimenté la critique. Les principes initiaux se sont rapidement assouplis, avec des prises de position sur la politique intérieure depuis l’étranger ou des apparitions médiatiques jugées « opérations de com’ ». Les sondages ont montré l’inefficacité de ces interventions pour convaincre les Français.
La communication est devenue une « béquille » pour « masquer un vide » en l’absence de résultats palpables des réformes structurelles, qui prennent du temps à produire leurs effets. Dans l’affaire Benalla, la communication de crise de l’Élysée a été « balayée comme un fétu de paille » par les révélations, démontrant l’échec de la dissimulation et du « verrouillage » face à des faits « objectivement injustifiables ». Le rôle de porte-parole de Bruno Roger-Petit a été un « échec », marqué par un manque de crédibilité et une « courtisanerie » excessive.
Plus efficace s’est avéré le canal des réseaux sociaux, utilisé par Macron pour diffuser son message « sans filtre », comme la fameuse vidéo sur le « pognon de dingue » concernant les minima sociaux. Ce style « cash » et provocateur, assumé par Macron, vise à « marquer les esprits et d’occuper le terrain », quitte à choquer et à renforcer son image de « président des riches ». Malgré les efforts de ses conseillers pour justifier ses « saillies », ces déclarations intempestives ont pu « flétrir son image de chef d’État ».
2. Les Hommes et les Femmes qui Comptent : Une Galaxie Diversifiée 🌟
Emmanuel Macron s’est entouré d’une « galaxie » de personnalités de divers horizons, mêlant jeunes socialistes déçus, « vieux briscards du PS », technocrates, économistes, figures du centre et de la droite, et membres de la société civile. Il cherche à ne pas s’enfermer dans un même cercle, consultant des personnalités en marge du pouvoir qui contribuent à forger son opinion.
2.1. Les Pièces Maîtresses de l’Élysée ⚙️
- Alexis Kohler, l’orfèvre de l’Élysée 🛠️ Né en 1972, Alexis Kohler est le secrétaire général de l’Élysée, surnommé le « double de Macron » ou son « discret bras droit ». Il est au « cœur du réacteur du pouvoir », participant aux déjeuners du lundi, dirigeant les réunions de cabinet et filtrant les interlocuteurs du président. Diplômé de Sciences Po, Essec, ENA, il partage avec Macron une confiance totale depuis leur collaboration à Bercy en 2014. Connu pour son travail acharné et sa « mécanique de haute précision », il est le « pôle de stabilité » du système. Malgré des « déconvenues judiciaires » liées à ses liens avec MSC, il est resté un « homme de haute confiance » pour Macron.
- Ismaël Emelien, le stratège « disruptif » ⚡ Né en 1987, Ismaël Emelien est le jeune conseiller spécial d’Emmanuel Macron, qualifié de « disruptif », d’élément « explosif » et « iconoclaste » du groupe. Issu des cercles strauss-kahniens, il a une « intelligence créative » et une « capacité à renverser la table » sur des sujets établis. Il a inspiré des idées fondamentales comme la double appartenance politique et la gratuité de l’adhésion à En marche !. Il cumule les missions de conception stratégique, de surveillance des réseaux sociaux et des sondages, et de planification des chantiers gouvernementaux. Bien qu’il évite la presse, son rôle d' »éminence grise invisible et silencieuse » excite la curiosité. Sa relation avec Macron est une « symbiose totale », bien qu’il ait parfois du mal avec l’exposition médiatique.
- Stéphane Séjourné, le quatrième mousquetaire 🗡️ Né en 1985, Stéphane Séjourné est le conseiller politique et parlementaire d’Emmanuel Macron, considéré comme le « quatrième mousquetaire » du président. Issu du MJS et du syndicalisme étudiant, il possède un « sens politique unanimement reconnu ». Il a fait partie de la « bande de Poitiers » avec d’autres futurs députés LREM. Après avoir travaillé pour Jean-Paul Huchon, il a rejoint Macron à Bercy, où il a œuvré sur la loi Macron. Aujourd’hui, il dirige le pôle politique et parlementaire à l’Élysée, servant de « cabine téléphonique de Macron », anticipant les conflits internes et assurant la fluidité entre Parlement et Élysée. Il est aussi en charge de la préparation des élections européennes et municipales.
- Sibeth Ndiaye, « le bulldozer » 🚜 Née en 1979, Sibeth Ndiaye est la conseillère presse d’Emmanuel Macron, surnommée le « bulldozer » pour son énergie et son « style cash ». Ancienne militante du PS et des cercles strauss-kahniens, elle est l’une des très rares voix autorisées à s’exprimer au nom de l’Élysée. Elle joue un rôle crucial dans la gestion de la communication présidentielle, « cousant et recousant » parfois la communication de Macron.
2.2. Les Ministres et Alliés Clés 🤝
- Gérard Collomb, du « Petit Chose » à Cincinnatus 🏞️ Né en 1947, Gérard Collomb, ancien maire de Lyon et sénateur socialiste, fut le premier grand élu à soutenir Macron. Ministre de l’Intérieur, il est devenu un symbole des « déceptions de la macronie », démissionnant au terme d’une épreuve de force avec Macron, choisissant sa ville natale au détriment du gouvernement. Il a critiqué la « malédiction des dieux » (l’hubris) et le manque d’humilité de la gouvernance Macron, ainsi que les relations tendues avec les territoires et le style « élitiste » du président. Sa position de « paratonnerre » sur les questions migratoires arrangeait le président.
- Édouard Philippe, le généraliste de Matignon 🧑⚖️ Né en 1970, Édouard Philippe est un cas unique, étant le seul Premier ministre n’appartenant pas au camp du président à sa nomination. Issu des Républicains et ancien juppéiste, il a été propulsé à Matignon par le séisme de 2017. Il partage avec Macron un désir de rompre avec les « partis vermoulus ». Son style est caractérisé par l’humour, la décontraction et une « grande distanciation », mais il impose un rythme de travail intense à son cabinet. Il est d’une « loyauté réelle » envers Macron, s’interdisant toute ambition présidentielle à court terme, mais il sait aussi s’affirmer.
- Jean-Michel Blanquer, le bon élève 🧑🏫 Né en 1964, Jean-Michel Blanquer est le ministre de l’Éducation nationale qui a acquis le plus d’envergure, étant considéré comme le « bon élève » du gouvernement. Il a su faire passer ses réformes sans « anicroches » en restaurant les fondamentaux et en luttant contre les inégalités. Sa personnalité et son « look ante Mai-68 » collent à ses principes. Il a activement cherché à être ministre de l’Éducation sous différents candidats de droite avant de rejoindre Macron. Il bénéficie d’une relation privilégiée avec Brigitte Macron, qui partage son intérêt pour l’éducation et les questions sociales.
- Brigitte Macron, la confidente 💖 Née en 1953, Brigitte Macron est la plus proche confidente et « ultime conseillère » d’Emmanuel Macron, exerçant une influence notable sur lui. Elle teste ses idées, lui fait remonter les « inquiétudes du pays » et l’a mis en garde contre ses « petites phrases ». Elle a joué un rôle important dans la campagne, gérant les contacts avec la presse people et protégeant l’image du couple. À l’Élysée, elle s’investit dans des thématiques comme le handicap, l’enfance et l’éducation, réalisant des visites de terrain discrètes. Elle maintient une vie privée active pour « prendre le pouls du pays », refusant d’être une « Première dame hors-sol ».
2.3. La Relève et les Influences Externes 🚀
L’ouvrage met en lumière des figures émergentes de la Macronie, jeunes députés comme Amélie de Montchalin (députée de l’Essonne, économiste, spécialiste des dossiers budgétaires), Hugues Renson (député de Paris, vice-président de l’Assemblée, critique de certaines politiques), Cédric Villani (député de l’Essonne, mathématicien, dandy médiatique, expert en IA), Gabriel Attal (député des Hauts-de-Seine, porte-parole LREM, secrétaire d’État à la Jeunesse), ou Aurore Bergé (députée des Yvelines, porte-parole LREM, très présente médiatiquement). Ces « bébés Macron » représentent le « vivier » et l’avenir du mouvement, bien que certains expriment déjà un désir de « rééquilibrage » de la politique.
Parmi les influences externes, Jacques Attali (né en 1943) est un « insubmersible » conseiller du prince, ayant mis le pied à l’étrier à Macron et continuant à lui prodiguer des avis et à jouer les entremetteurs. Daniel Cohn-Bendit (né en 1945) et Romain Goupil (né en 1951), les « visiteurs du jour », sont consultés par Macron pour « sentir le pouls de la société » et sur des sujets européens, bien qu’ils n’hésitent pas à exprimer leurs désaccords sur la politique migratoire. François Sureau (né en 1957) agit comme « ami et conscience » du président, n’hésitant pas à dénoncer publiquement des politiques qu’il juge « inhumaines ». Enfin, Jean-Marc Borello (né en 1957), « patron social » du groupe SOS, et Mathieu Laine (né en 1975), « capteur éclectique » et entrepreneur libéral, complètent ce cercle éclectique de conseillers qui apportent à Macron des visions diverses et des échos du terrain.
3. Analyse de la « Macronie » : Entre Promesses et Réalités 🤔
Un an et demi après son accession au pouvoir, la Macronie est « à la peine ». Les réformes engagées n’ont pas encore produit de résultats tangibles, ce qui est compréhensible à court terme, mais pose la question de leur « fructification » d’ici les municipales de 2020. L’image d’un « roi nu » menacerait Macron si ses politiques n’avaient pas d’impact sur l’emploi et l’économie.
3.1. Les Contradictions d’une Gouvernance ⚖️
La gouvernance Macron se révèle être un système « centralisé et caporalisé », produisant une « hyperprésidence » qui rappelle celle théorisée par de Gaulle. Le désir initial d’une politique « et de droite et de gauche » a laissé place à une impression d’ajustements constants, nuisant à la « lisibilité de son projet ». Les critiques mettent en avant un manque de maturité perçu chez le président quadragénaire, dont la « jeunesse » et les « transgressions » (qui avaient séduit en campagne) irritent désormais dans l’exercice du pouvoir.
Les déboires de l’été 2018 (Benalla, Hulot, Collomb) ont mis en lumière les « fragilités d’un pouvoir qui affichait une confiance exagérée en lui-même ». La « République exemplaire » promise a été entachée par l’affaire Benalla, révélant une tendance à la dissimulation et à la protection des proches, renouant avec des « pratiques délétères du vieux monde politique ».
3.2. Le Malaise Interne et le Défi des Ressources Humaines 👥
La Macronie est confrontée à une « carence dans les ressources humaines ». En seize mois, sept ministres « parmi les plus importants » ont démissionné. La verticalité et le verrouillage du dispositif Macron n’ont pas favorisé l' »émergence de nouveaux talents » à l’Assemblée nationale ou au sein du parti, entraînant « doute » et « colère » parmi les « fantassins de la macronie ». De nombreux adhérents ont quitté le parti, déçus de ne pas retrouver la « démarche participative » promise durant la campagne.
Le risque d’une « fronde » au sein de la majorité parlementaire, avec des députés désirant plus d’autonomie et de débats, plane toujours, menaçant l’identité politique même du mouvement si les anciens clivages droite-gauche refaisaient surface.
3.3. L’Échec d’une Communication comme Substitut 📣
La communication de Macron, malgré son ambition « sans entraves », ne parvient pas à « pallier l’absence actuelle de résultats des réformes engagées » et « recèle des contradictions » qui brouillent son image. La chute de sa popularité à l’été 2018 pourrait l’inciter à « plus d’humilité ». L’ouvrage souligne que la communication ne doit pas se « substituer à la politique » mais seulement l’accompagner, et qu’elle « vole en éclats lorsqu’elle se bat contre des faits irréfragables ».
Conclusion : Naviguer en Eaux Troubles 🌊
La « Macronie » est une construction politique complexe, caractérisée par une forte verticalité du pouvoir, un culte du secret et une défiance envers les médias et les corps intermédiaires. Si Emmanuel Macron a su agréger des personnalités diverses et insuffler un nouveau style, les premières années de son quinquennat ont révélé des failles structurelles et des limites inhérentes à cette approche. Les défis internes, les controverses et la perception d’une arrogance présidentielle ont ébranlé l’image du « nouveau monde politique », le confrontant aux mêmes écueils que ses prédécesseurs.
Pour regagner la confiance des Français, la Macronie devra probablement procéder à des « corrections de trajectoire » et modifier son « style et son mode de gouvernance », en fournissant des résultats concrets et en retrouvant une forme d’humilité. L’avenir de ce phénomène politique dépendra de sa capacité à surmonter ces épreuves et à faire évoluer ses méthodes, prouvant que l’efficacité ne peut se faire au détriment de la délibération et de l’écoute. La Macronie est un navire puissant et rapide, mais pour atteindre son cap, elle doit apprendre à naviguer avec prudence, en évitant les écueils d’une confiance excessive et d’une communication parfois déconnectée de la réalité.